Au Mozambique, l’opposant politique Venancio Mondlane pose des conditions strictes pour accepter un dialogue avec le président Filipe Nyusi. Accusant le parti au pouvoir, le Frelimo, de fraudes électorales massives lors des élections d’octobre 2024, Mondlane exige la levée des charges judiciaires qui pèsent contre lui ainsi que des réformes majeures avant toute négociation.
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Venancio Mondlane, leader du parti Podemos, s’est exprimé vendredi 22 novembre via un discours diffusé sur Facebook. Depuis son exil, il a indiqué être « ouvert » à une discussion avec Filipe Nyusi mais insiste sur la nécessité de garanties pour que cet échange ne se transforme pas en un piège politique.
Le président Nyusi, qui s’apprête à transmettre le pouvoir à son successeur Daniel Chapo en janvier, a invité Mondlane à un dialogue direct le 26 novembre. Cependant, l’opposant a demandé à y participer de manière virtuelle et sous certaines conditions, notamment :
- Levée des poursuites judiciaires : Mondlane est accusé d’incitation à des troubles graves contre l’État et de dommages causés lors des manifestations post-électorales.
- Excuses officielles et réparations : Il exige des excuses publiques pour les violences policières ayant conduit à la mort de 65 manifestants, selon l’ONG Centre pour la démocratie et les droits humains (CDD).
- Réformes profondes : Mondlane appelle à des réformes dans les domaines constitutionnel, économique et électoral pour garantir une démocratie plus transparente.
Les élections générales d’octobre 2024 ont été marquées par des accusations de fraude. Selon Podemos et plusieurs observateurs indépendants, le Frelimo aurait manipulé les résultats pour maintenir son hégémonie politique. Cette situation a provoqué une vague de manifestations dans tout le pays, durement réprimées par les forces de l’ordre. Depuis l’annonce des résultats, les tensions restent vives. Les manifestations ont fait au moins 65 morts et des centaines de blessés. Face à cette répression, Mondlane a demandé à ses partisans de cesser de manifester pour éviter de nouvelles violences.
La posture de Mondlane, tout en fermeté, divise l’opinion publique et les milieux politiques.
- Soutien de la société civile : Des organisations de défense des droits humains saluent son appel à un dialogue pacifique mais appuient ses revendications pour des réformes profondes. « Le Mozambique a besoin d’un système électoral transparent et de garanties pour protéger les droits des citoyens », déclare un porte-parole du CDD.
- Critiques du Frelimo : Du côté du pouvoir, les responsables du Frelimo accusent Mondlane de chercher à saper la transition en cours. Ils estiment que ses exigences sont irréalistes et visent à prolonger la crise politique.
Le Mozambique traverse une période critique où la transition politique et la stabilité sociale sont en jeu. Si Filipe Nyusi a officiellement invité Mondlane au dialogue, il reste à voir si les conditions de ce dernier seront acceptées. Les exigences de Mondlane, notamment la levée des poursuites judiciaires, posent un dilemme au Frelimo : céder reviendrait à reconnaître les abus commis pendant et après le scrutin, ce qui affaiblirait la position du parti au pouvoir. À l’inverse, ignorer ces revendications risque de prolonger l’impasse et d’intensifier les tensions.
La situation actuelle illustre les défis auxquels le Mozambique est confronté pour renforcer sa démocratie. Le rôle de Venancio Mondlane, à la fois en tant que chef de l’opposition et figure de contestation, pourrait s’avérer décisif pour l’avenir politique du pays.
Cependant, son avenir politique demeure incertain. La poursuite des charges contre lui et son exil réduisent sa capacité à mobiliser ses partisans à l’intérieur du pays. Pourtant, son insistance sur des réformes pourrait pousser le gouvernement à entreprendre des changements structurels, même minimes.
La semaine prochaine sera cruciale pour déterminer si le Mozambique s’engage vers une résolution pacifique de ses tensions politiques ou si la confrontation entre le pouvoir et l’opposition s’intensifie. Le dialogue proposé par Nyusi pourrait offrir une opportunité pour apaiser les tensions, à condition que les deux parties acceptent de faire des compromis.
La transition prévue en janvier avec l’arrivée de Daniel Chapo à la présidence sera également un moment clé. Le nouveau chef d’État devra faire face à ces tensions héritées et trouver un équilibre entre continuité politique et ouverture à des réformes exigées par une partie croissante de la population mozambicaine.
La rédaction