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MALI/NIGER/BURKINA FASO : VERS UN PASSEPORT UNIQUE RÉGIONAL

Nov 24, 2024
Aes

Les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Mali, le Niger et le Burkina Faso, avancent dans leur projet de renforcement de l’intégration régionale avec une initiative majeure : l’harmonisation des documents de voyage et d’identité. Cette mesure ambitieuse vise à faciliter la libre circulation des personnes et des biens, contribuant ainsi à la construction d’une confédération solide au cœur de l’Afrique de l’Ouest.

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Le vendredi 22 novembre 2024, les ministres de la Sécurité des trois pays se sont réunis à Bamako pour valider des spécifications techniques communes pour les passeports et cartes nationales d’identité. Cette initiative, annoncée dans un communiqué conjoint, s’inscrit dans une démarche visant à poser des bases concrètes pour l’intégration régionale au sein de l’AES.

Les documents harmonisés seront prochainement soumis à l’approbation des chefs d’État : Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Abdourahmane Tiani (Niger). Cette harmonisation est perçue comme un levier essentiel pour faciliter les échanges humains et économiques entre les 72 millions d’habitants que regroupe cette alliance.

En parallèle, les trois pays ont signé, le 21 novembre à Niamey, un accord historique sur la suppression des frais d’itinérance pour les appels téléphoniques entre leurs territoires. Cet accord, qui élimine les coûts de « roaming », est un pas important vers l’unification économique et technologique de l’AES. Ce genre d’initiatives renforce la connectivité des populations, en rendant les communications transfrontalières plus accessibles et abordables.

La fin des frais de roaming est également symbolique : elle reflète la volonté des trois nations de s’émanciper des structures économiques régionales traditionnelles, comme la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), à laquelle elles reprochent une dépendance excessive aux anciens pouvoirs coloniaux et une proximité jugée problématique avec l’Occident.

 

Depuis les récents changements politiques dans ces trois États, les gouvernements militaires ont affiché leur désaccord avec la Cedeao, accusée de partialité et d’agir sous l’influence de la France. Les pays de l’AES ont donc cherché à redéfinir leurs alliances, notamment en se rapprochant de Moscou tout en prenant leurs distances avec certains voisins comme la Côte d’Ivoire et le Bénin.

L’AES se présente désormais comme un bloc solidaire et indépendant, axé sur une collaboration bilatérale renforcée. La création d’un passeport unique et la suppression des frais d’itinérance sont des exemples concrets de cette volonté de coordination. Ces démarches marquent une rupture avec les pratiques traditionnelles de la région et signalent une orientation plus radicale en matière de souveraineté régionale.

L’introduction d’un passeport harmonisé entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso pourrait avoir plusieurs impacts significatifs :

  • Facilitation des déplacements : Les citoyens de ces trois pays pourront circuler librement sans subir les contraintes administratives habituelles liées aux déplacements transfrontaliers.
  • Dynamisation économique : Une mobilité accrue pourrait stimuler les échanges commerciaux, renforcer les investissements transfrontaliers et soutenir les activités touristiques.
  • Renforcement de l’identité régionale : Un passeport unique symboliserait l’appartenance à une confédération cohérente, promouvant une vision collective de l’avenir pour les habitants de l’AES.

Cependant, plusieurs défis subsistent, notamment l’harmonisation des infrastructures administratives et la gestion des frontières pour prévenir d’éventuels abus ou violations.

Pour le bloc AES, l’harmonisation des documents d’identité n’est qu’un début. Les experts impliqués dans les travaux préparatoires d’octobre dernier ont également souligné l’importance d’adopter une vision à long terme. Celle-ci inclut le développement d’autres mécanismes d’intégration, tels que des politiques communes en matière de sécurité, d’éducation et de développement économique.

La mise en œuvre d’un passeport unique reflète aussi une volonté de contrecarrer l’influence des puissances extérieures tout en renforçant l’autonomie de la région. En s’appuyant sur une stratégie de coopération bilatérale forte et sur des initiatives concrètes comme celle-ci, l’AES pourrait rapidement se positionner comme un modèle d’intégration régionale en Afrique.

Le succès de cette initiative dépendra largement de la coordination entre les trois États et de leur capacité à surmonter les défis logistiques et politiques liés à un tel projet. La communauté internationale suivra de près cette évolution, d’autant que l’AES représente un contrepoint intéressant aux institutions traditionnelles de la région comme la Cedeao.

Avec un passeport unique et une intégration renforcée, le Mali, le Niger et le Burkina Faso pourraient bien ouvrir une nouvelle ère pour la coopération africaine. Ces pays, souvent perçus comme fragiles sur le plan économique et politique, démontrent qu’ils peuvent se mobiliser pour construire des solutions régionales innovantes et adaptées à leurs réalités.

 

Wilfrid K./La rédaction

 

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