Alain Delon, l’un des visages les plus emblématiques du cinéma français, est décédé à l’âge de 88 ans ce dimanche 18 août, dans sa maison de Douchy, selon l’annonce faite par ses trois enfants. Né en 1935 à Sceaux, Delon n’avait jamais prévu de devenir une star du cinéma. Cependant, son physique d’Apollon et son jeu d’acteur instinctif lui ont rapidement permis de se construire une légende, immortalisée dans des films cultes.
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L’enfance d’Alain Delon a été marquée par des difficultés qui ont profondément façonné son caractère. Il se décrivait souvent comme un homme seul, malgré son immense popularité. « Je n’étais pas fait pour être Alain Delon. J’aurais dû être mort depuis longtemps. Ça s’appelle le destin », confiait-il dans un entretien en 2018. Son enfance, passée en grande partie dans l’enceinte de la prison de Fresnes, où il a fait sa première communion, a nourri une mélancolie et une proximité avec les marginaux qui ont coloré une bonne partie de son existence.
Dès son plus jeune âge, Delon a montré une forte tête et un esprit rebelle. Expulsé de plusieurs établissements scolaires, il quitte définitivement l’école à 14 ans pour travailler dans la charcuterie de son beau-père. Mais à 17 ans, il s’engage dans la marine pour échapper à cette vie monotone, un choix qui l’emmène en Indochine. Là, il découvre une nouvelle forme de liberté, mais ses aventures militaires tournent mal, et il est renvoyé en France sans le sou. À son retour, il erre à Pigalle, où son physique ne passe pas inaperçu. C’est là que débute, presque par hasard, sa carrière d’acteur.
Les débuts de Delon au cinéma sont fulgurants. Après un premier rôle dans Quand la femme s’en mêle en 1957, il enchaîne les succès avec Plein soleil de René Clément et Rocco et ses frères de Luchino Visconti en 1960. Ces films consacrent son talent instinctif et sa beauté sauvage, faisant de lui une star internationale. Sa carrière prend alors une dimension extraordinaire, avec des rôles marquants dans Le guépard de Visconti, Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, et bien d’autres.
Mais la vie personnelle de Delon est marquée par des tumultes. Son mariage avec Nathalie Delon, après sa rupture avec Romy Schneider, et la naissance de son premier enfant, Anthony, sont suivis par des affaires sombres, comme « l’affaire Markovic » en 1968, qui ébranlent sa vie publique. Cependant, sa carrière continue d’évoluer avec succès, notamment avec Borsalino en 1970, où il partage l’affiche avec Jean-Paul Belmondo.
Dans les années 1980, bien que toujours une star, Delon commence à se concentrer sur le business, exploitant la marque « Alain Delon » avec succès, notamment en Asie. En 1984, il remporte le César du meilleur acteur pour son rôle dans Notre histoire, marquant un nouveau tournant dans sa carrière.
Les dernières années de Delon sont marquées par de graves problèmes de santé, des affaires familiales compliquées, et une vie de plus en plus retirée. Très affecté par la mort de Mireille Darc en 2017, il exprimait un profond désenchantement vis-à-vis de la vie. En 2019, il reçoit une Palme d’or pour l’ensemble de sa carrière, un hommage à une vie dédiée au cinéma.
Alain Delon sera inhumé dans une chapelle qu’il a fait construire sur son domaine, entouré des tombes de ses chiens, les compagnons fidèles qui ont partagé sa solitude tout au long de sa vie. Avec sa disparition, c’est une page du cinéma français qui se tourne, celle d’un acteur à la carrière exceptionnelle, mais aussi celle d’un homme profondément marqué par son passé et ses démons.
La rédaction