Lors du 19e Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a pris une position ferme sur plusieurs questions critiques touchant l’Afrique de l’Ouest, particulièrement la situation au Burkina Faso, au Niger et au Mali. À travers une série d’entretiens, notamment avec Radio France Internationale (RFI), le chef d’État a clairement souligné que le Ghana ne pouvait pas «tourner le dos» à son voisin du nord, le Burkina Faso, malgré les récents événements troublants qui secouent la région.
First Afrique TV : Votre fenêtre sur l’Afrique
Le Burkina Faso, à l’instar du Niger et du Mali, fait face à une instabilité politique marquée par une série de coups d’État récents et une montée des violences djihadistes. En début d’année 2024, ces trois pays ont pris la décision de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), un retrait qui a exacerbé les tensions dans la région. Le président ghanéen, qui s’est toujours montré préoccupé par la sécurité à ses frontières, a insisté sur l’importance de garder des liens étroits avec ces voisins.
Dans ses propos à RFI, Akufo-Addo a rappelé que, malgré les défis, « le Ghana ne peut pas tourner le dos au Burkina Faso ». Ce message de solidarité vient à un moment où l’unité régionale est mise à l’épreuve. Avec une frontière longue et poreuse, le Ghana est directement concerné par les effets de l’instabilité au Burkina Faso, où la menace djihadiste et la violence exacerbée posent des risques sécuritaires immédiats pour ses citoyens.
Nana Akufo-Addo, qui avait auparavant sonné l’alarme concernant l’implication de mercenaires russes au Burkina Faso lors du sommet États-Unis-Afrique en 2022, semble avoir révisé sa position. À l’époque, le président ghanéen avait exprimé de vives inquiétudes sur l’influence croissante des forces russes, notamment celles liées au groupe paramilitaire Wagner. Aujourd’hui, il minimise quelque peu cette question, comparant la présence des « supplétifs russes » à celle des « supplétifs français » qui, selon lui, avaient joué un rôle similaire par le passé.
Cette réévaluation pourrait s’expliquer par les réalités géopolitiques changeantes de la région. Les relations entre le Burkina Faso et la Russie, marquées par la fourniture d’appui militaire pour combattre les groupes terroristes, sont devenues plus cruciales avec le retrait des forces françaises. Akufo-Addo semble désormais plus soucieux de maintenir la stabilité régionale que de se focaliser sur la provenance de l’aide militaire.
Au cœur du discours du président ghanéen se trouve une vision de réconciliation régionale. Il a exprimé l’espoir que le Burkina Faso, ainsi que le Mali et le Niger, puissent réintégrer la Cédéao dans un avenir proche. Cette organisation régionale est perçue comme un pilier pour la paix, la sécurité et le développement en Afrique de l’Ouest, et le retrait de ces pays représente une perte pour tous les États membres.
Akufo-Addo a réitéré l’importance de trouver « un nouvel arrangement » pour ramener ces pays dans la Cédéao. Il estime qu’une telle réintégration est essentielle non seulement pour la stabilité de la région, mais aussi pour faire face aux défis sécuritaires partagés par tous les pays de la sous-région, tels que la lutte contre le terrorisme et le développement économique.
Par ailleurs, le président ghanéen a plaidé vigoureusement pour la libération de Mohamed Bazoum, l’ancien président du Niger, renversé lors d’un coup d’État en juillet 2023 et toujours emprisonné. Bazoum représente, selon Akufo-Addo, un symbole de la démocratie en Afrique de l’Ouest, et son sort ne doit pas être oublié.
« Si nous, les leaders démocratiquement élus de l’Afrique de l’Ouest, nous lui tournons le dos, demain, ça pourra être moi, ça pourra être quelqu’un d’autre », a averti Akufo-Addo, exprimant ainsi la fragilité des régimes démocratiques dans la région. Sa prise de position en faveur de Bazoum est également un signal fort pour d’autres leaders africains, rappelant l’importance de la solidarité dans la défense de la démocratie. Le Ghana, sous la présidence d’Akufo-Addo, s’est engagé fermement à insister pour la libération sans conditions de Bazoum. Cette position reflète une volonté de renforcer les institutions démocratiques dans une région où les coups d’État sont devenus de plus en plus fréquents. Pour le président ghanéen, la stabilité et le développement de l’Afrique de l’Ouest reposent sur le respect de la démocratie et de l’état de droit.
Depuis son élection en 2017, Nana Akufo-Addo s’est imposé comme un acteur clé de la diplomatie ouest-africaine. Sous son leadership, le Ghana a non seulement cherché à maintenir la stabilité interne, mais aussi à jouer un rôle proactif dans la gestion des crises régionales. Le pays, grâce à son engagement dans les affaires régionales, est devenu un interlocuteur incontournable dans les discussions sur la sécurité et la gouvernance en Afrique de l’Ouest.
Alors que le Burkina Faso, le Mali et le Niger continuent de faire face à de graves crises internes, le Ghana reste un bastion de stabilité dans une région tumultueuse. Akufo-Addo a utilisé cette position pour encourager le dialogue et favoriser la réconciliation régionale. La position du Ghana sur la réintégration de ces trois pays dans la Cédéao illustre son engagement à promouvoir une paix durable en Afrique de l’Ouest.
Lors du 19e Sommet de la Francophonie, Nana Akufo-Addo a démontré une fois de plus son engagement en faveur de la stabilité et de la coopération en Afrique de l’Ouest. En réaffirmant que le Ghana ne pouvait pas « tourner le dos » au Burkina Faso, tout en plaidant pour la libération de Mohamed Bazoum et la réintégration du Burkina Faso, du Niger et du Mali dans la Cédéao, le président ghanéen a montré que la solidarité et la coopération régionale sont au cœur de sa politique étrangère.
La rédaction