En ce début d’année 2025, la Banque africaine de développement (BAD) est au centre d’une effervescence particulière. Alors que ses activités habituelles se poursuivent à son siège, dans le quartier du Plateau à Abidjan, une échéance majeure se profile : l’élection de son prochain président ou présidente. Les candidatures pour succéder à Akinwumi Adesina, en poste depuis une décennie, doivent être déposées avant le 31 janvier. Cette bataille s’annonce déterminante, tant les enjeux pour l’avenir de la BAD et de l’Afrique sont cruciaux.
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Depuis sa création en 1964, la BAD s’est affirmée comme un acteur clé du développement économique et social du continent. Sous la direction d’Adesina, l’institution a initié des projets phares regroupés sous les « High 5s » : éclairer l’Afrique, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains. Ces priorités ont marqué les dix dernières années, avec des avancées significatives dans le financement d’infrastructures, de projets énergétiques et agricoles.
Toutefois, ces succès ne sont pas sans controverses. Si Adesina a été salué pour sa vision ambitieuse, des critiques persistent quant à l’impact réel des projets financés et à la dépendance de la BAD vis-à-vis de ses partenaires non-africains, qui détiennent une part importante des droits de vote. À l’heure où l’Afrique est confrontée à des défis économiques, climatiques et sociaux d’une ampleur inédite, le choix du prochain dirigeant s’annonce crucial pour redéfinir la trajectoire de la banque.
La course à la présidence de la BAD met en lumière des enjeux complexes. Le premier concerne l’autonomie de l’institution. Les critiques sur la dépendance financière et décisionnelle de la BAD à l’égard de ses partenaires internationaux refont surface à chaque élection. Les futurs candidats devront proposer des solutions concrètes pour mobiliser davantage de ressources sur le continent, tout en maintenant des partenariats stratégiques équilibrés.
Le deuxième enjeu réside dans le rôle de la BAD face à la montée en puissance d’autres institutions multilatérales et des banques de développement émergentes. Alors que des acteurs comme la Chine gagnent du terrain en Afrique avec des investissements massifs, la BAD doit renforcer sa compétitivité et son leadership tout en s’adaptant aux besoins diversifiés de ses membres.
Cette élection reflète aussi une bataille entre visions divergentes pour le développement africain. Certains candidats mettront l’accent sur la poursuite des grands projets d’infrastructure, tandis que d’autres pourraient prôner des stratégies axées sur la transition énergétique, le numérique ou le soutien direct aux petites et moyennes entreprises. Ces orientations contrastées reflètent des conceptions différentes du rôle que doit jouer la BAD dans un monde en mutation rapide.
Le processus électoral sera également marqué par des rivalités politiques et géopolitiques. Les grandes puissances régionales comme le Nigeria, l’Afrique du Sud ou l’Égypte chercheront probablement à promouvoir leurs candidats, tandis que les partenaires non-africains, tels que les États-Unis, l’Europe et le Japon, tenteront d’influencer le choix final. Dans ce contexte, le prochain président ou présidente devra démontrer sa capacité à gérer des intérêts divergents tout en préservant l’autonomie et la crédibilité de l’institution.
Au-delà des manœuvres politiques, cette élection incarne des attentes profondes pour l’avenir de l’Afrique. Le ou la futur(e) dirigeant(e) de la BAD devra proposer une vision forte, capable d’unir les États membres autour d’objectifs communs et de répondre aux aspirations des populations africaines. Il ou elle devra également faire preuve d’innovation pour relever les défis liés à la crise climatique, à la croissance démographique et à l’intégration régionale.
L’issue de cette compétition pourrait redéfinir le rôle de la BAD dans le paysage mondial. Plus qu’un simple acteur de financement, la banque est appelée à devenir un véritable catalyseur de transformation pour l’Afrique. Cette élection est donc une opportunité unique de repenser son positionnement stratégique et d’insuffler un nouvel élan à ses activités.
Alors que les prétendants affûtent leurs stratégies et que les alliances se nouent en coulisses, les attentes des populations africaines sont immenses. Elles espèrent une institution capable de répondre à leurs besoins et d’apporter des solutions concrètes aux défis auxquels elles font face. La présidence de la BAD est bien plus qu’un simple poste administratif : elle représente un levier essentiel pour bâtir un avenir prospère et durable pour le continent.
La bataille pour la présidence de la BAD ne fait que commencer, mais elle promet d’être décisive. Plus qu’un choc de personnalités, c’est un affrontement de visions pour l’avenir de l’Afrique qui se joue dans les couloirs de l’institution. À l’issue de ce processus, c’est tout le destin de la BAD et son rôle dans le développement du continent qui seront redéfinis.
La rédaction