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TCHAD : MAINTIEN DES ÉLECTIONS, MALGRÉ LES CRISES

Oct 19, 2024
Tchad W

Au Tchad, les élections législatives et locales sont officiellement maintenues pour le 29 décembre, malgré une situation délicate marquée par des inondations dévastatrices et des tensions politiques. Le président Mahamat Idriss Déby a réuni les chefs des partis politiques pour leur annoncer cette décision, qui a pris de court une partie de la classe politique qui espérait un report.

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Lors de cette rencontre, le président a été clair sur sa position. « Le phénomène des inondations (…) n’affecte en rien le déroulé du processus », a-t-il déclaré. Cette phrase a rapidement mis fin aux espoirs de nombreux acteurs politiques qui militaient pour un report des scrutins. En effet, les inondations ont déjà causé près de 600 décès, déplacé près de deux millions de personnes, et perturbé la vie de nombreuses communautés, rendant les préparatifs électoraux complexes dans plusieurs régions du pays.

 

Parmi les plus déçus, on retrouve le parti d’opposition Les Transformateurs, dirigé par Succès Masra, qui avait fait du report des élections une condition essentielle à sa participation. Pour ce parti, il est difficile d’imaginer des élections crédibles dans un contexte où de nombreux citoyens sont déplacés et où l’accès à certaines zones reste très difficile. Le refus de reporter les élections a ainsi scellé leur décision de ne pas prendre part aux scrutins.

 

D’autres partis d’opposition, une quinzaine en tout, ont également annoncé leur intention de boycotter ces élections. Ils dénoncent ce qu’ils qualifient de « mascarades électorales », accusant le gouvernement de chercher à organiser des élections à son avantage, sans tenir compte des réalités sur le terrain. Ces formations politiques estiment que le processus électoral est vicié et que la tenue des scrutins en décembre n’est pas en mesure de garantir une expression libre et équitable de la volonté populaire.

 

Cependant, la décision de Mahamat Idriss Déby ne fait pas que des mécontents dans l’opposition. Même parmi les alliés du gouvernement, certains estiment que le calendrier est trop serré pour garantir une préparation efficace. « Nous ne sommes pas du tout prêts », confie le président d’un petit parti politique. « Surtout face aux moyens considérables du MPS ! », ajoute-t-il, faisant référence au Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti fondé par l’ancien président Idriss Déby Itno, père de l’actuel chef de l’État. Ce parti, grâce à ses ressources, est déjà en pleine préparation pour le scrutin, tandis que d’autres acteurs politiques peinent encore à s’organiser.

 

La décision de maintenir les élections a donc jeté un froid sur une partie de la classe politique tchadienne, qui voit dans ce choix une volonté du gouvernement de tenir coûte que coûte son calendrier électoral, quitte à négliger les appels à un processus plus inclusif et mieux préparé. Mais pour Mahamat Idriss Déby, le respect de ce calendrier est une nécessité pour le pays, permettant de sortir de la transition qui a suivi le décès de son père en avril 2021.

 

Le dépôt des candidatures pour ces élections s’ouvre ce samedi et se poursuivra jusqu’au 28 octobre. Ce délai, jugé court par de nombreux observateurs, pourrait poser un défi de taille pour les partis qui souhaitent malgré tout participer aux élections. Ceux-ci devront mobiliser leurs ressources en un temps record pour se conformer aux exigences de la commission électorale et lancer leurs campagnes respectives.

 

De leur côté, les partisans du maintien des élections estiment qu’un report aurait pu aggraver la situation politique du pays. Pour eux, le respect du calendrier électoral est un signal fort de la volonté des autorités de respecter leurs engagements envers le peuple tchadien et la communauté internationale. Ils considèrent que la tenue des élections est indispensable pour ramener le pays à une stabilité institutionnelle durable après plusieurs mois de transition.

 

Mais l’enjeu dépasse la simple tenue des scrutins. Les prochaines semaines seront cruciales pour le Tchad, où la population, affectée par les crises économiques et climatiques, s’interroge sur les priorités de ses dirigeants. Si les élections se déroulent comme prévu, elles marqueront un tournant pour le pays. Mais elles risquent aussi de creuser davantage le fossé entre les différents acteurs politiques, entre ceux qui estiment que le respect des échéances est prioritaire et ceux qui plaident pour une préparation plus longue, pour assurer la transparence et l’équité du processus.

 

Le climat reste donc tendu à l’approche de ces échéances électorales, et beaucoup craignent que la tenue des scrutins dans ces conditions puisse exacerber les tensions sociales et politiques. Les observateurs internationaux, qui suivront de près le processus, insistent sur la nécessité d’un dialogue inclusif pour éviter que le pays ne plonge dans une nouvelle crise après les élections.

 

L’avenir du Tchad repose désormais sur la capacité des autorités et de l’opposition à trouver un équilibre entre la tenue des scrutins et la réponse aux défis humanitaires urgents. Si les élections se tiennent comme prévu le 29 décembre, elles devront permettre au pays de tourner la page de la transition pour entrer dans une nouvelle phase de son histoire, en espérant que cette dernière soit synonyme de paix et de stabilité.

 

La rédaction

 

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