À six jours des élections législatives au Tchad, une crise sans précédent secoue le secteur médiatique. Depuis le lundi 23 décembre, les médias privés (presse écrite, radios et plateformes en ligne) observent une journée blanche, répondant à l’appel de collectifs et syndicats protestant contre les pratiques de la Haute autorité des médias audiovisuels (Hama).
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Cette grève s’inscrit dans un mouvement amorcé dès le 7 décembre, suite à une décision controversée de la Hama interdisant aux médias en ligne de diffuser des contenus audiovisuels. Bien que cette interdiction ait été suspendue par la Cour suprême, les professionnels de la presse demeurent méfiants. Ils redoutent un éventuel appel de la Hama et réclament l’annulation définitive de cette décision. « La grève se poursuit jusqu’à mardi. La Hama doit respecter les décisions de la Cour suprême et annuler la décision numéro 55 », insiste Gérard Kétong Daliam, rédacteur en chef du N’Djam Post.
Les revendications des médias privés ne s’arrêtent pas là. À partir du mardi 24 décembre, toutes les radios et publications privées prévoient d’intensifier le mouvement, exigeant le versement des subventions annuelles prévues par la loi mais non allouées cette année. Ces aides, oscillant entre 1 et 4 millions de francs CFA par média, sont jugées essentielles pour leur fonctionnement. Juda Allahondoum, président du groupe Le Visionnaire et du Patronat de la presse tchadienne, menace de passer à l’offensive : « Si aucune solution n’est trouvée, nous allons décréter un black-out total. Les médias cesseront de couvrir les élections législatives du 29 décembre. »
En signe de défiance, les médias privés annoncent qu’ils remettront mardi leurs badges et gilets fournis par la Hama pour la couverture des élections. Cette grève marque une nouvelle escalade dans les tensions entre les journalistes tchadiens et les autorités, au moment où le pays s’apprête à vivre un scrutin crucial.
La rédaction