Le 30 août 2024, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a pris la parole lors d’un rassemblement pro-palestinien à Dakar pour exprimer son indignation face à la situation en Palestine et accuser le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, de perpétuer la guerre à Gaza dans le seul but de garantir sa propre survie politique. Sonko a également exhorté la communauté internationale à isoler Israël afin de mettre fin à ce qu’il a qualifié de «barbarie humaine».
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Ousmane Sonko, vêtu d’une écharpe aux couleurs palestiniennes, n’a pas mâché ses mots lors de ce rassemblement qui s’est tenu à la Grande Mosquée de Dakar, où quelques centaines de personnes s’étaient réunies en soutien aux Palestiniens. Le Premier ministre sénégalais a accusé Benyamin Netanyahou de faire de la guerre à Gaza un instrument politique pour conserver son pouvoir et éviter les poursuites judiciaires dans son propre pays. «Nous avons un Premier ministre dont le pouvoir dépend de cette guerre, dont la survie politique dépend de cette guerre, et qui est prêt à marcher sur des milliers de cadavres pour rester Premier ministre et pour ne pas faire face à la justice de son pays», a-t-il déclaré.
Sonko a ainsi dressé un portrait sévère de la situation, dénonçant ce qu’il perçoit comme une exploitation cynique du conflit par Netanyahou, dans un contexte où des milliers de vies sont en jeu. Pour lui, cette guerre n’est pas simplement une question de survie nationale pour Israël, mais aussi un moyen pour Netanyahou de détourner l’attention des scandales qui l’entourent et de renforcer sa position politique.
Au-delà de la dénonciation des actions de Netanyahou, Ousmane Sonko a appelé à une réponse concertée de la communauté internationale, en particulier des pays musulmans et africains. Il a souligné l’importance de parler «d’une seule voix» pour contrer ce qu’il décrit comme une «barbarie humaine validée et cautionnée par certains pays occidentaux». Sonko a déploré les «multiples divisions» qui, selon lui, empêchent une réponse unifiée des musulmans et des Africains face à la crise en Palestine.
Il a également critiqué l’inaction de certains pays musulmans qui, selon lui, sont restés «aphones» face à la situation en Palestine. «Depuis le début de cette crise, les actions les plus visibles [en soutien aux Palestiniens] ont été initiées par l’Afrique du Sud», un pays où les musulmans sont minoritaires, ainsi que par certains pays d’Amérique latine, a-t-il noté. En revanche, il a pointé du doigt l’hypocrisie des pays occidentaux qui, tout en prônant la démocratie et les droits de l’homme, soutiennent Israël et fournissent des armes à son gouvernement.
Le Sénégal, pays ouest-africain où environ 95% de la population est musulmane, a toujours été un fervent soutien de la cause palestinienne sur la scène internationale. Depuis les années 1970, le Sénégal préside le Comité onusien pour les droits inaliénables du peuple palestinien, une position qui reflète l’engagement du pays en faveur de la lutte palestinienne pour l’autodétermination.
Ousmane Sonko a rappelé cet engagement en soulignant que le Sénégal a été l’un des premiers pays à reconnaître l’indépendance d’Israël en 1960, tout en soutenant fermement la solution à deux États comme moyen de résoudre le conflit israélo-palestinien. Toutefois, dans son discours, Sonko a laissé entendre que les actions récentes d’Israël, sous la direction de Netanyahou, ont rendu cette solution de plus en plus difficile à envisager.
Pour Ousmane Sonko, la réponse à la crise actuelle doit passer par l’isolement politique d’Israël. Il a préconisé la mise en place d’une stratégie visant à rassembler tous ceux qui dénoncent l’injustice subie par les Palestiniens et à travailler à l’isolement d’Israël sur la scène internationale. «Il faut rassembler tous ceux qui dénoncent cette injustice, travailler à une solution politique qui est une solution d’isolement de l’État d’Israël, d’isolement politique», a-t-il insisté.
Cet appel à l’isolement rappelle les efforts similaires menés contre l’apartheid en Afrique du Sud, un parallèle qui n’est pas sans signification, compte tenu du rôle de l’Afrique du Sud dans le soutien aux Palestiniens. Sonko a également appelé à une prise de conscience collective pour mettre fin à ce qu’il considère comme une «extermination» des Palestiniens par Israël, affirmant que le silence et l’inaction équivalent à une complicité dans cette tragédie.
Le discours d’Ousmane Sonko lors du rassemblement pro-palestinien à Dakar a marqué une prise de position forte du Sénégal sur la scène internationale. En accusant Benyamin Netanyahou de poursuivre la guerre à Gaza pour des raisons purement politiques et en appelant à isoler Israël, Sonko a réaffirmé le soutien indéfectible du Sénégal à la cause palestinienne. Ce discours résonne comme un appel à l’unité et à l’action collective pour mettre fin à une situation qu’il juge intolérable. Alors que le référendum constitutionnel approche au Sénégal, la prise de position de Sonko pourrait également avoir des répercussions sur la politique intérieure, renforçant sa stature de leader engagé pour la justice internationale.
La rédaction/First Afrique Tv