L’annonce de la suspension de l’aide américaine par l’Usaid plonge le système de santé sénégalais dans une incertitude préoccupante. En cause, l’arrêt d’un financement crucial pour la lutte contre le VIH, le paludisme et l’accès à des soins essentiels, qui met en péril des avancées significatives réalisées ces dernières décennies.
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Le Sénégal, bien que relativement épargné par l’épidémie du VIH avec un taux de prévalence de 0,3 %, dépendait largement de l’aide américaine pour financer 42,7 % de sa riposte. Depuis janvier, les patients vivant avec le VIH expriment une angoisse croissante. Khoudia Sow, médecin anthropologue à Dakar, rapporte une ruée sur les traitements antirétroviraux, menaçant de créer une pénurie artificielle. Ces médicaments, autrefois inaccessibles pour de nombreux malades en raison de leur coût élevé, avaient permis à 90 % des patients diagnostiqués de mener une vie stable.
Cette crise ne se limite pas au VIH. Les efforts pour éradiquer le paludisme, notamment dans les zones rurales où l’incidence reste élevée, sont également compromis. Mountaga Dia, responsable de programme en santé communautaire, met en garde contre une potentielle recrudescence des cas si des financements alternatifs ne sont pas rapidement identifiés.
Face à ces défis, le gouvernement reste discret. Avec un déficit budgétaire atteignant 12,3 % du PIB et des moyens limités, il doit combler un manque à gagner de 14 millions d’euros prévu pour 2025 et 2026. Pourtant, l’urgence est palpable : la santé publique, particulièrement celle des populations vulnérables comme les femmes enceintes et les enfants, est en jeu.
Des solutions alternatives sont à l’étude, mais le temps presse. Le comité stratégique installé pour cartographier l’impact de l’aide américaine doit proposer des réponses concrètes. L’objectif d’éradiquer le VIH et le paludisme d’ici 2030 semble désormais fragilisé, mettant à l’épreuve la résilience du système de santé sénégalais.
En l’absence de mesures rapides et efficaces, cette crise pourrait provoquer une régression significative, non seulement au Sénégal, mais aussi dans les pays voisins, accentuant les inégalités en matière d’accès aux soins.
La rédaction