En République Démocratique du Congo, une vaste mobilisation se dessine pour protéger la Constitution de 2006, menacée par des intentions présumées de modification. Ce samedi 9 novembre, des personnalités issues de l’opposition et de la société civile congolaise ont lancé une coalition pour un « sursaut national ». L’objectif de cette alliance est clair : empêcher le président Félix Tshisekedi de réviser la loi fondamentale, ce qui pourrait ouvrir la voie à un éventuel troisième mandat.
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La coalition pour le « sursaut national » réunit une quinzaine de figures de la scène politique et civile congolaise. Parmi elles, des leaders de partis d’opposition et des membres de mouvements citoyens, tous résolus à défendre la Constitution de 2006, considérée comme un pilier de la démocratie congolaise. Selon les membres de cette coalition, toute tentative de modification constitutionnelle par le président en exercice représenterait une « haute trahison » envers la nation congolaise.
Les signataires de cet appel dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une atteinte aux droits démocratiques des Congolais. Delly Sesanga, ancien candidat à la présidentielle et signataire de l’appel, a déclaré avec fermeté : « Plus jamais dans ce pays un président ne doit rester en fonction au-delà de deux mandats : nous, Congolais, disons non. Trop, c’est trop ! » Sesanga insiste sur le fait que le respect de la Constitution est essentiel pour maintenir la stabilité et l’ordre démocratique dans le pays.
La coalition ne regroupe pas seulement des personnalités politiques ; elle inclut également des figures influentes de la société civile. L’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) et le mouvement citoyen Lucha ont également signé cet appel, soulignant l’importance de l’unité de tous les Congolais pour défendre les acquis démocratiques. Selon Jean-Claude Katende, président de l’Asadho, « cette affaire ne relève pas des seuls politiciens, ni des seuls acteurs de la société civile. Elle concerne tous les Congolais ».
En unissant leurs voix, ces organisations et personnalités appellent les citoyens à se mobiliser et à rester vigilants face à toute tentative de modification de la loi fondamentale. Pour Katende, cette mobilisation est essentielle pour éviter une dérive autoritaire. La coalition pour le « sursaut national » exhorte ainsi chaque Congolais à considérer la défense de la Constitution comme une priorité nationale, unissant les forces politiques et citoyennes dans un objectif commun.
Dans le cadre de ses actions, la coalition a déjà prévu un premier rassemblement public pour le 16 décembre prochain. Cette date n’est pas choisie au hasard : elle marque l’anniversaire du référendum constitutionnel de 2005, qui avait précédé l’adoption de la Constitution de 2006. En organisant ce meeting, la coalition souhaite rappeler l’importance de cette Constitution, fruit de luttes historiques pour la démocratie.
Cette mobilisation s’annonce comme un moment clé pour évaluer l’ampleur de l’opposition à la révision constitutionnelle. Les leaders de la coalition espèrent que cette date symbolique encouragera les Congolais à venir en masse et à démontrer leur attachement à la loi fondamentale. Cette commémoration devrait aussi renforcer la prise de conscience populaire quant à l’importance de maintenir les limites fixées au mandat présidentiel.
Toutefois, bien que cette coalition pour le « sursaut national » rassemble de nombreuses figures de la société civile et de l’opposition, certaines absences notables soulèvent des questions. En effet, la plateforme Lamuka, dirigée par Martin Fayulu, ainsi que le camp de Moïse Katumbi, n’ont pas encore rejoint cette initiative. Ces deux figures influentes de l’opposition mènent actuellement leurs propres actions contre le projet de révision constitutionnelle, ce qui laisse entendre que des divergences stratégiques existent au sein de l’opposition.
Cette situation divise l’opposition face à un même objectif : empêcher une modification de la Constitution pour limiter le mandat présidentiel. En dépit de cette divergence, les acteurs impliqués dans le sursaut national espèrent rallier le plus grand nombre de citoyens et de leaders politiques. Cette pluralité des voix pourrait devenir un avantage pour les opposants à la révision constitutionnelle, car elle multiplie les initiatives en faveur de la stabilité démocratique.
La possibilité d’une révision constitutionnelle en RDC représente un enjeu majeur pour le pays. Si le président Tshisekedi tentait de modifier la Constitution pour prolonger son mandat, cela pourrait engendrer de sérieuses tensions et provoquer des manifestations d’ampleur nationale. Pour de nombreux Congolais, la Constitution de 2006 est un symbole de stabilité et de démocratie ; toute tentative de changement est perçue comme une menace à ces acquis.
L’histoire politique de la RDC a souvent été marquée par des tensions autour des transitions de pouvoir. Les deux mandats présidentiels consécutifs restent une mesure fondamentale pour empêcher toute concentration excessive de pouvoir. Les défenseurs de la Constitution actuelle estiment donc qu’une modification de cette disposition pourrait ouvrir la voie à un régime autoritaire, compromettant les libertés démocratiques chèrement acquises.
Face à cette situation, la coalition pour le « sursaut national » invite les Congolais à rester vigilants et à défendre leur Constitution. En lançant cet appel, ses membres espèrent susciter une prise de conscience collective et inciter chaque citoyen à s’engager pour protéger les principes démocratiques établis en 2006. Le rassemblement prévu pour le 16 décembre pourrait être le premier acte d’une résistance populaire déterminée à préserver l’ordre constitutionnel en RDC.
Alors que l’avenir politique du pays est en jeu, le peuple congolais est ainsi confronté à une nouvelle épreuve dans son cheminement vers la consolidation de sa démocratie. Que la mobilisation soit suffisante pour dissuader toute tentative de modification constitutionnelle ou non, cette initiative pour un « sursaut national » symbolise une volonté de transparence et de respect des lois au cœur de la République Démocratique du Congo.
La rédaction