Le 23 novembre dernier, la Grande Loge du Burkina Faso a tenu son assemblée générale annuelle à Ouagadougou, un événement marquant pour la communauté maçonnique nationale et internationale. Si l’absence des représentants français a suscité de nombreuses interrogations, celle des délégations russes a été particulièrement remarquée, soulignant les mutations géopolitiques qui influencent même les cercles maçonniques.
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L’assemblée générale de la Grande Loge du Burkina Faso, dirigée par le Grand Maître Alain Roger Coeffé, a réuni des délégations de onze pays, illustrant l’importance de cet événement dans le paysage maçonnique africain. Comme à l’accoutumée, les travaux se sont conclus par la « soirée des dames », une tradition qui symbolise l’harmonie et la convivialité au sein de la communauté.
Cependant, l’absence notable des « frères » français, habituels partenaires des loges burkinabè, a jeté une ombre sur cet événement. Cette absence est perçue comme le reflet des tensions croissantes entre Paris et Ouagadougou, alimentées par des divergences politiques et économiques récentes.
L’absence des représentants français à cette assemblée générale marque un tournant dans les relations entre les loges maçonniques des deux pays. Historiquement, la France a joué un rôle clé dans l’implantation et l’accompagnement des loges francophones en Afrique de l’Ouest. Pourtant, les récents désaccords entre le Burkina Faso et la France, notamment sur les questions de coopération militaire et d’influence régionale, semblent avoir affecté ces relations fraternelles.
Cette situation reflète un rejet croissant de l’héritage colonial français par certaines élites africaines, y compris au sein des réseaux maçonniques. Des loges comme celle du Burkina Faso cherchent désormais à affirmer leur indépendance et à diversifier leurs partenariats.
Contrairement à la France, la Russie était bien représentée à Ouagadougou, témoignant de sa stratégie d’influence croissante sur le continent africain. Alors que Moscou multiplie les alliances politiques et économiques en Afrique, elle semble également s’intéresser aux cercles maçonniques, souvent considérés comme des espaces d’influence discrète mais puissante.
Cette présence russe ne passe pas inaperçue. Elle illustre un rééquilibrage des relations internationales au sein de la franc-maçonnerie africaine, à l’image de la géopolitique actuelle. Certains voient dans cette évolution une opportunité pour les loges africaines de s’affranchir des tutelles traditionnelles, tandis que d’autres craignent une instrumentalisation de la maçonnerie à des fins politiques.
La franc-maçonnerie burkinabè, comme ailleurs en Afrique, évolue dans un contexte de revendication d’indépendance et de réappropriation des traditions locales. Si les loges restent attachées aux principes universels de fraternité et de progrès, elles cherchent à intégrer des valeurs et des symboles culturels propres à leur environnement.
Cette quête d’autonomie s’accompagne d’une diversification des partenaires internationaux. Outre la Russie, d’autres acteurs comme la Chine ou les pays du Moyen-Orient manifestent un intérêt croissant pour les réseaux maçonniques africains, qu’ils perçoivent comme des relais stratégiques.
La rupture entre la France et la Grande Loge du Burkina Faso, bien que symbolique, pourrait avoir des répercussions plus larges. Elle pose la question de l’avenir des relations entre les loges africaines et européennes dans un monde multipolaire.
Pour le Burkina Faso, cette situation représente une opportunité de repenser sa place dans la franc-maçonnerie internationale. En s’ouvrant à de nouveaux partenaires, la Grande Loge burkinabè pourrait renforcer son autonomie et jouer un rôle de premier plan dans le renouveau de la maçonnerie africaine.
L’assemblée générale de la Grande Loge du Burkina Faso à Ouagadougou a mis en lumière des changements profonds dans la franc-maçonnerie africaine. L’absence de la France et la présence notable de la Russie reflètent des dynamiques géopolitiques qui redéfinissent les relations internationales, y compris au sein des cercles maçonniques.
Cette évolution ouvre la voie à une maçonnerie plus indépendante et ancrée dans les réalités africaines, mais elle soulève aussi des questions sur les risques de nouvelles influences étrangères. Dans ce contexte, la Grande Loge du Burkina Faso a un rôle clé à jouer pour préserver l’esprit de fraternité tout en s’adaptant aux défis du monde contemporain.
La rédaction