Face à l’escalade de violence au Liban, marquée par une offensive militaire israélienne contre le Hezbollah, la Côte d’Ivoire a décidé de rapatrier ses ressortissants bloqués dans ce pays en crise. À l’instar de nombreux autres pays africains, comme le Sénégal, le Nigeria ou encore l’Algérie, la Côte d’Ivoire a mis en place un dispositif de rapatriement pour sécuriser le retour de ses citoyens. Ces derniers, confrontés aux horreurs du conflit, sont progressivement accueillis à Abidjan.
First Afrique TV : Votre fenêtre sur l’Afrique
Les témoignages de ceux qui ont pu rentrer sont poignants. Vendredi 25 octobre 2024, un groupe d’environ 30 Ivoiriens a retrouvé la terre ivoirienne après des semaines de terreur au Liban. Parmi eux, des agents de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Beyrouth qui ont vécu des moments de grande tension. Le maître d’hôtel Otou Kouamé, qui faisait partie des rapatriés, évoque la peur qui les tenait en permanence : « Il y avait des bruits intenses, des bombardements, des détonations. Tout le temps, notre sommeil était perturbé. C’était vraiment horrible, on avait peur. »
Les scènes de panique et de stress sont encore présentes dans leurs esprits. Ce retour marque la fin d’un calvaire, mais les souvenirs des explosions et des craintes d’être pris dans les tirs persistent. « Quand les bombardements s’intensifiaient, nous nous demandions chaque fois si nous allions survivre jusqu’au lendemain », partage un autre rapatrié, sous le coup de l’émotion. Le traumatisme est tel que, malgré leur retour en sécurité, certains peinent à retrouver un semblant de sérénité.
À leur arrivée à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny, les rapatriés ont été accueillis par l’ambassadeur de Côte d’Ivoire, Christophe Kouakou, et quelques membres de la diaspora ivoirienne. Bien que les traits fatigués témoignent de la dure épreuve traversée, l’ambassadeur a exprimé un sentiment de soulagement : « Aucun cas de blessé ou de mort n’a été à déplorer », a-t-il assuré. Cet accueil symbolique traduit la solidarité de la nation envers ses ressortissants, tout en soulignant les efforts diplomatiques déployés pour leur rapatriement.
Le processus de retour des Ivoiriens du Liban repose sur une coordination minutieuse, impliquant les autorités ivoiriennes et les compagnies aériennes. Joachim Kanté Kouassi, directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire, a précisé les mesures mises en œuvre pour sécuriser ces retours. « Toutes les dispositions sont prises pour qu’ils puissent revenir en Côte d’Ivoire, puisque les billets d’avion ont été émis », a-t-il déclaré. Les évacués sont rapatriés par des vols commerciaux, en fonction des places disponibles, ce qui a permis de mener à bien les premiers retours malgré un contexte tendu.
Cependant, le nombre d’Ivoiriens qui souhaitent rentrer dépasse les capacités de ces vols de rapatriement. En conséquence, des dizaines de ressortissants attendent encore leur tour pour quitter le Liban. « Nous travaillons avec les compagnies aériennes pour augmenter les rotations et permettre à chacun de retrouver sa famille ici », a ajouté Kanté Kouassi.
Malgré les risques, une quarantaine d’Ivoiriens ont décidé de rester au Liban. Ces derniers, inscrits au registre de l’ambassade, ont opté pour le maintien sur place, parfois par attachement au pays où ils ont construit leur vie, mais aussi par crainte de ne pas trouver de perspectives professionnelles en Côte d’Ivoire. Pour eux, la situation reste incertaine, et l’ambassade continue de suivre leur situation de près, en gardant la possibilité de les évacuer en cas de besoin.
« Nous restons à leur écoute et nous assurons qu’ils aient les informations nécessaires pour prendre les bonnes décisions en fonction de l’évolution sur le terrain », a rassuré un responsable de la mission diplomatique. Le soutien psychologique apporté aux Ivoiriens rapatriés et à ceux restés sur place s’inscrit également dans l’engagement des autorités pour protéger leurs citoyens.
Le retour de ces Ivoiriens témoigne de l’importance de la diplomatie ivoirienne et de la coopération internationale face aux crises. À l’instar des autres pays africains ayant organisé des évacuations, la Côte d’Ivoire a su réagir pour protéger ses ressortissants, dans un contexte de tensions croissantes au Proche-Orient. La mobilisation rapide de l’État, à travers son ministère des Affaires étrangères et ses représentations diplomatiques, a permis de réduire les risques pour ces citoyens piégés dans une zone de conflit.
Au-delà du soulagement de ces rapatriés, ce retour met en lumière la solidarité entre les pays africains face aux situations d’urgence et aux conflits armés. Les réseaux de coordination entre les missions diplomatiques, les compagnies aériennes et les organisations internationales ont joué un rôle crucial pour assurer le retour des ressortissants dans des conditions difficiles.
Le retour au pays n’est cependant qu’une étape. Les Ivoiriens qui ont fui le Liban doivent maintenant faire face à un autre défi : la réinsertion sociale et économique. Beaucoup ont tout perdu durant leur séjour forcé au Liban, et devront reconstruire leur vie. Les autorités ivoiriennes s’engagent à leur offrir un accompagnement pour faciliter leur réintégration dans la société et leur permettre de retrouver une stabilité.
Des dispositifs de soutien psychologique sont également mis en place pour aider ces rapatriés à surmonter les traumatismes vécus. « Ils reviennent de situations de stress intense, et il est important qu’ils soient entourés pour se reconstruire », a souligné un responsable du ministère de la Santé.
La crise au Liban rappelle la fragilité des situations des travailleurs immigrés africains dans certaines régions du monde. Alors que les affrontements se poursuivent au Proche-Orient, les initiatives de rapatriement menées par la Côte d’Ivoire illustrent la priorité donnée à la protection des citoyens ivoiriens où qu’ils se trouvent.
Cette épreuve rappelle aussi l’importance pour les États africains de renforcer leur présence diplomatique et leur capacité à intervenir rapidement dans les crises internationales pour garantir la sécurité de leurs ressortissants. Les rapatriés, même marqués par l’épreuve, témoignent de la solidarité qui unit la diaspora ivoirienne, et espèrent que le pays leur offrira une seconde chance pour reconstruire leur avenir.
La rédaction