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CÔTE D’IVOIRE : LES RISQUES D’UN QUATRIÈME MANDAT

Jan 9, 2025
CÔte D Ivoire Risques D Un 4ième Mandat

Le président ivoirien Alassane Ouattara a récemment évoqué une éventuelle candidature à un quatrième mandat lors d’un discours prononcé devant des diplomates. Cette déclaration, bien que prudente, relance les débats sur les conséquences politiques et sociales qu’une telle décision pourrait engendrer pour la Côte d’Ivoire.

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Depuis son élection pour un troisième mandat controversé en 2020, Ouattara, aujourd’hui âgé de 83 ans, s’est retrouvé au cœur d’un débat constitutionnel. Ce mandat avait été obtenu à la suite d’une interprétation juridique controversée qui, selon ses partisans, autorisait une nouvelle candidature en raison d’une modification constitutionnelle intervenue en 2016. Cependant, l’opposition avait dénoncé une violation flagrante des principes démocratiques, et les tensions qui en ont découlé avaient mené à des violences ayant fait plusieurs dizaines de morts. En évoquant une nouvelle candidature pour 2025, Ouattara risque de raviver ces tensions non résolues, plongeant le pays dans une période d’incertitudes.

Un quatrième mandat pourrait exacerber les divisions au sein de la société ivoirienne. Les rivalités historiques entre les principaux acteurs politiques, notamment Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et feu Henri Konan Bédié, continuent de dominer le paysage politique. Ces figures emblématiques, tout en rassemblant d’importants blocs d’électeurs, symbolisent aussi des fractures générationnelles et ethniques qui alimentent régulièrement les conflits politiques. Une nouvelle candidature de Ouattara pourrait être perçue par ses opposants comme une tentative d’étouffer tout renouvellement de la classe politique, aggravant ainsi les tensions sociales et politiques.

La stabilité institutionnelle, déjà mise à mal, pourrait également être affectée. Une autre candidature de Ouattara soulèverait des interrogations sur l’indépendance et la crédibilité des institutions clés comme le Conseil constitutionnel et la Commission électorale indépendante (CEI). Ces organes sont régulièrement accusés de favoriser le pouvoir en place, ce qui a pour effet d’éroder la confiance des citoyens envers le processus électoral. Une élection perçue comme biaisée risque non seulement d’accentuer la polarisation politique, mais aussi de déclencher de nouvelles violences.

Un autre risque majeur est l’impact économique. La Côte d’Ivoire, malgré une croissance soutenue ces dernières années, demeure vulnérable aux chocs politiques. Les périodes d’instabilité électorale ont souvent été synonymes de ralentissement économique, de réduction des investissements étrangers et de perturbations dans des secteurs clés comme l’agriculture. Une instabilité prolongée pourrait compromettre les avancées économiques réalisées sous le leadership de Ouattara.

Enfin, cette décision pose une question fondamentale sur le renouvellement démocratique. Un quatrième mandat renforcerait une tendance préoccupante observée en Afrique de l’Ouest, où plusieurs dirigeants prolongent leur pouvoir en manipulant les cadres constitutionnels. Cela pourrait décourager l’émergence de jeunes leaders politiques et entretenir une culture politique marquée par le clientélisme et le manque de transparence.

En conclusion, une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara comporte des risques considérables pour la stabilité et l’avenir démocratique de la Côte d’Ivoire. Si le président évoque sa volonté de continuer à « servir son pays », il devra également évaluer si une telle décision sert réellement les intérêts à long terme de la nation. Le défi sera de garantir une transition pacifique et inclusive, indispensable pour préserver la paix et consolider les acquis économiques du pays.

 

Wilfrid K./La rédaction

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