L’année 2024 restera marquée comme un tournant pour la présence militaire française en Afrique. Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ce sont désormais la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Tchad qui ont décidé de mettre fin à la coopération militaire avec Paris, réaffirmant leur volonté de reprendre le contrôle de leurs affaires de défense et de sécurité.
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Le 31 décembre, dans ses vœux à la nation, le président ivoirien Alassane Ouattara a officialisé la rétrocession de la base militaire française d’Abidjan à l’armée nationale ivoirienne dès janvier 2025. Il a également annoncé le retrait des forces françaises stationnées dans le pays. Ce retrait marque la fin d’un partenariat militaire de longue date entre Paris et Abidjan, autrefois considéré comme un pilier de la stratégie française en Afrique de l’Ouest.
Ce retrait de Côte d’Ivoire fait suite à des décisions similaires prises par le Sénégal et le Tchad plus tôt dans l’année. À Dakar, les autorités ont demandé à Paris de retirer ses troupes d’ici à la mi-2024, mettant fin à une coopération qui, bien que discrète, était jugée essentielle par la France. De son côté, le Tchad, autrefois bastion de l’opération Barkhane, a lui aussi décidé de tourner la page.
Ces décisions reflètent une montée en puissance des revendications souverainistes dans plusieurs pays africains. Les populations, de plus en plus critiques envers l’influence occidentale, demandent une réévaluation des accords de défense jugés déséquilibrés. Les élites politiques, quant à elles, cherchent à répondre à ces attentes en affirmant leur autonomie face à leurs anciens partenaires.
Pour la France, ce triple retrait symbolise un revers stratégique majeur. Longtemps perçue comme un acteur incontournable dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest, elle doit désormais redéfinir son rôle et sa place sur le continent. Si Paris affirme vouloir maintenir des partenariats dans de nouveaux formats, les défis sont nombreux, notamment en termes de crédibilité et de confiance mutuelle.
La fin de ces coopérations militaires ne marque pas seulement un éloignement des troupes françaises, mais traduit également un changement profond dans les relations entre la France et ses anciennes colonies. À l’aube de 2025, les dynamiques de défense en Afrique semblent prendre un tournant vers une plus grande autonomie et une diversification des partenariats internationaux.
Wilfrid K./La rédaction