Des milliers de personnes venues de tout le Botswana ont assisté vendredi à l’investiture du nouveau président de leur pays, Duma Boko, marquant ainsi la fin de 58 années de domination de l’ancien parti au pouvoir. Cette cérémonie, empreinte de symbolisme et de solennité, a mis en avant un message d’unité et de renouveau pour le pays.
First Afrique TV : Votre fenêtre sur l’Afrique
Le « Parapluie pour le changement démocratique » (UDC), une coalition incluant le Front national du Botswana et l’Alliance des progressistes, a obtenu 36 sièges parlementaires, privant ainsi l’ancien président Mokgweetsi Masisi d’un second mandat. Boko, le leader de cette coalition, a prêté serment devant une foule massive dans la capitale, Gaborone. Son arrivée en véhicule à toit ouvert, escorté par des soldats à cheval brandissant des drapeaux, a ajouté une touche spectaculaire à l’événement.
Lors de son premier discours en tant que président, Boko a insisté sur l’importance de l’unité nationale. Il a invité les citoyens à montrer du respect envers son prédécesseur, soulignant la dignité avec laquelle Masisi a accepté sa défaite. «C’est un moment historique qui nous rend humbles et nous fait réfléchir», a-t-il déclaré, en évoquant l’importance de ce changement de pouvoir pacifique pour la démocratie botswanaise.
Boko a exprimé son amour pour son pays et sa gratitude envers les électeurs qui lui ont accordé leur confiance. «Cela me fait très plaisir quand je vous regarde et que vous me dites que c’est mon garçon. Vous dites cela parce que vous avez élevé ce garçon. Vous l’aimez. Vous savez et comprenez que ce garçon vous aime», a-t-il affirmé avec émotion, renforçant ainsi son lien avec la population.
Bien que son discours inaugural ait été riche en optimisme, Boko n’a pas fourni de détails précis sur les politiques de son gouvernement. Cependant, durant la campagne électorale, l’UDC avait mis en avant des promesses ambitieuses : lutter contre la corruption, instaurer un salaire minimum de 4 000 pulas (302 dollars) par mois, introduire une allocation chômage, augmenter les allocations de vieillesse et encourager la création de nouvelles entreprises.
Le chômage est l’une des préoccupations majeures des citoyens botswanais, comme l’a révélé une récente enquête d’Afrobarometer. Ce problème dépasse de loin d’autres préoccupations telles que la santé, la criminalité, la pauvreté, l’éducation et la corruption. Les statistiques officielles montrent une augmentation du chômage, passant de 25,9 % en 2023 à 27,6 % en 2024, un défi de taille pour la nouvelle administration.
L’économie botswanaise, largement dépendante de l’exploitation des diamants, fait face à des défis considérables. Les diamants représentent 80 % des exportations du Botswana, mais la demande mondiale en baisse a impacté les revenus de Debswana, une société minière détenue conjointement par le gouvernement botswanais et le conglomérat De Beers. Ce contexte économique difficile a conduit certains à appeler à une plus grande appropriation nationale des ressources minières.
L’investiture de Duma Boko a également attiré des personnalités de haut rang, telles que l’ancien président Ian Khama, le vice-président sud-africain Paul Mashatile, et Julius Malema, leader des Combattants pour la liberté économique d’Afrique du Sud. Leur présence souligne l’importance de cet événement non seulement pour le Botswana, mais aussi pour la région.
Les citoyens botswanais, longtemps sceptiques quant à la possibilité d’un transfert pacifique du pouvoir, voient en cette transition un signe de maturité démocratique. Boko a insisté sur la nécessité d’éviter les querelles et les divisions personnelles, un message crucial pour unifier un pays diversifié et parfois divisé.
La route devant Boko et son gouvernement est semée d’embûches. Le besoin de réformes économiques, de création d’emplois, et de lutte contre la corruption est urgent. Les attentes des citoyens sont élevées, et la nouvelle administration devra naviguer habilement pour répondre aux aspirations d’un peuple en quête de changement et de progrès.
En conclusion, l’investiture de Duma Boko marque un tournant décisif pour le Botswana. Avec un mandat clair pour le changement, Boko a l’opportunité de façonner l’avenir du pays de manière significative. Toutefois, les défis sont nombreux et les promesses doivent être concrétisées pour assurer un développement durable et inclusif. L’histoire observera attentivement les premiers pas de ce nouveau chapitre dans la vie politique botswanaise.
La rédaction