Depuis 2016, le secteur de l’enseignement maternel et primaire au Bénin a connu une série de réformes importantes, visant à améliorer la qualité de l’éducation, à moderniser les infrastructures et à renforcer les ressources humaines. Ces réformes ont contribué à rétablir la confiance en l’école publique et à offrir de meilleures conditions d’apprentissage pour les enfants. Ce processus de transformation est marqué par une série d’initiatives qui touchent à la gouvernance du sous-secteur, aux infrastructures scolaires et administratives, ainsi qu’à la gestion des ressources humaines, avec des résultats concrets et encourageants.
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Avant 2016, l’enseignement au Bénin, notamment aux niveaux maternel et primaire, était gravement affecté par des grèves récurrentes. Ces grèves perturbaient les années scolaires, réduisant la durée effective de cours à environ cinq mois par an au lieu des neuf mois requis. Les enfants se retrouvaient souvent désœuvrés dans les rues, augmentant leur exposition aux risques sociaux et compromettant leur avenir scolaire. Cette instabilité chronique, qui a duré presque deux décennies, a profondément sapé la confiance dans l’école publique.
Face à cette situation, le gouvernement du Président Patrice Talon a entrepris une réforme fondamentale dès son accession au pouvoir en 2016. Une des mesures phares a été l’encadrement du droit de grève dans le secteur de l’éducation. Si cette décision a suscité des critiques à ses débuts, elle est aujourd’hui largement saluée par les enseignants eux-mêmes ainsi que par les parents d’élèves, qui craignaient un retour à la désorganisation du passé. Grâce à cette réforme, le Bénin bénéficie désormais d’années scolaires stables et complètes, conformes aux standards internationaux. Le retour à une année scolaire régulière et planifiée a non seulement renforcé la confiance des parents dans l’école publique, mais aussi permis une amélioration notable des performances scolaires.
En 2023, le taux de réussite au Certificat d’Études Primaires (CEP) a atteint 81,29%, contre seulement 41,98% en 2016. Cette progression spectaculaire reflète l’impact positif des réformes sur la gouvernance du secteur éducatif. La régularité des cours, associée à des conditions d’apprentissage améliorées, a considérablement rehaussé le niveau général des élèves.
Le défi des infrastructures a toujours été une préoccupation majeure dans le système éducatif béninois. En 2016, le pays accusait un déficit criant de 8.794 salles de classe dans l’enseignement primaire, ce qui affectait directement la qualité de l’enseignement. Les élèves se retrouvaient souvent entassés dans des classes surchargées, avec des conditions d’apprentissage déplorables.
Conscient de cet enjeu, le gouvernement a lancé un vaste programme de construction et de réhabilitation des infrastructures scolaires. Entre 2016 et 2023, environ 8.000 nouvelles salles de classe ont été construites et 3.000 autres réhabilitées. Ces efforts ont permis de réduire considérablement la surcharge des classes, avec un ratio élèves/salle de classe qui se situe désormais autour de 40 élèves par salle, bien en dessous de la norme Éducation de Qualité pour Tous (EQT) qui préconise 50 élèves par classe.
Cette amélioration des infrastructures a également eu un impact direct sur la qualité de l’enseignement. Des salles de classe mieux équipées et moins surchargées offrent un cadre plus propice à l’apprentissage, permettant aux enseignants de dispenser des cours dans de meilleures conditions. Cela a contribué à l’augmentation du taux de réussite des élèves et à l’amélioration générale du système éducatif.
En plus des salles de classe, l’Etat a également renforcé les cantines scolaires, une initiative cruciale pour assurer la rétention des élèves à l’école. En 2016, seulement 17% des écoles bénéficiaient de cantines scolaires, et les enfants ne recevaient qu’un repas pendant environ 20 jours sur les 180 jours de l’année scolaire. Aujourd’hui, grâce à une augmentation significative du budget alloué aux cantines, plus de 80% des écoles bénéficient de repas réguliers, impactant environ 1.300.000 écoliers chaque jour. Le budget annuel pour les cantines scolaires est passé à 32,5 milliards FCFA, garantissant un repas chaud tout au long de l’année scolaire. Cette initiative a amélioré le taux de rétention scolaire, qui est passé de 72% en 2016 à 96% en 2023.
Les cantines scolaires ne sont pas seulement un moyen de soutenir les enfants issus de familles défavorisées, elles jouent également un rôle crucial dans l’amélioration des performances scolaires en garantissant que les élèves aient l’énergie nécessaire pour se concentrer en classe. Ces cantines représentent ainsi une mesure importante d’équité sociale, permettant aux enfants de rester scolarisés et de réussir.
Un autre pilier fondamental de la réforme concerne le renforcement des ressources humaines dans l’éducation primaire. Avant 2016, le déficit en enseignants qualifiés était une des principales faiblesses du système éducatif béninois. En raison de cette pénurie, de nombreux parents avaient recours à des enseignants communautaires, souvent sans qualifications adéquates, pour prendre en charge leurs enfants. Cette situation déplorable a conduit à une baisse de la qualité de l’enseignement.
Face à cette réalité, le gouvernement a entrepris un vaste programme de recrutement d’enseignants qualifiés. En 2017, 3.461 nouveaux enseignants contractuels ont été recrutés et redéployés dans les zones qui en avaient le plus besoin. Parallèlement, plus de 3.000 enseignants, autrefois assignés à des postes administratifs, ont été remis en classe. De plus, plus de 16.000 Agents Permanents de l’État (APE) ont été intégrés dans le système éducatif, contribuant à renforcer la qualité de l’enseignement.
Le renforcement du corps de contrôle et d’encadrement pédagogique a également été une priorité. Avant 2016, le Bénin ne comptait que 28 inspecteurs pour l’ensemble du pays. Aujourd’hui, le gouvernement a quintuplé ce chiffre, avec 151 nouveaux inspecteurs et 300 conseillers pédagogiques de zone. Cette augmentation des effectifs a permis d’améliorer le suivi pédagogique dans les écoles, avec environ 60% des établissements désormais couverts par des inspections régulières, contre seulement 25% avant les réformes. Ces efforts ont contribué à instaurer une pression positive sur les enseignants, améliorant ainsi la qualité de l’enseignement dispensé.
La modernisation des outils pédagogiques est également au cœur des réformes. Un comité de révision des curricula a été mis en place pour revoir et améliorer les programmes d’études. Par ailleurs, la numérisation de l’administration scolaire, avec l’introduction de la plateforme EducMaster, permet une gestion plus efficace des inscriptions, des résultats scolaires et des examens. Cela facilite non seulement le suivi des élèves et des enseignants, mais réduit aussi les pratiques frauduleuses.
En somme, les réformes engagées dans le sous-secteur de l’enseignement maternel et primaire au Bénin depuis 2016 ont permis d’améliorer considérablement la qualité de l’enseignement, de renforcer les infrastructures et d’optimiser la gestion des ressources humaines. Ces efforts sont en train de transformer profondément l’éducation béninoise, offrant aux enfants des conditions d’apprentissage meilleures et plus équitables, tout en consolidant les bases d’un développement durable pour le pays. Les perspectives futures visent à maintenir cette dynamique pour faire de l’éducation un véritable moteur de progrès social et économique.
La rédaction