L’Autorité de Régulation du secteur de la Santé (ARS), créée par la loi n°2022-17 du 19 octobre 2022, est au cœur de la réforme du système de santé béninois. Installée officiellement le 12 septembre 2022 par le Président de la République, cette institution est chargée de veiller à l’amélioration continue de l’offre et de la qualité des soins dans le pays. Parmi ses premières initiatives, figure le dispositif pour la sécurité des patients, un programme ambitieux déployé dans tous les établissements de santé. Ce dispositif a pour but de renforcer la sécurité des soins, de protéger les patients et d’assurer une qualité de service optimale.
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Depuis son lancement officiel le 28 mars 2024, ce programme de sécurité des patients s’étend progressivement à travers les départements du Bénin. Les départements de l’Ouémé et du Plateau ont été les premiers à accueillir la mission itinérante de sensibilisation et d’appropriation de ce dispositif. Du 30 septembre au 4 octobre 2024, deux équipes de l’ARS ont parcouru ces départements, sous la conduite du Président de l’ARS, Dr Lucien Dossou-Gbété, et du Président de la Commission Qualité et Sécurité des Soins, Dr Jacob Namboni. Cette mission avait pour objectif de faire connaître l’ARS, mais surtout de renforcer la compréhension et l’appropriation du dispositif par les professionnels de santé et les populations.
Le dispositif pour la sécurité des patients place le patient au centre du système de soins. L’idée est de le rendre acteur de sa propre santé, en l’impliquant activement dans le processus de soins. Cela implique une plus grande transparence, une communication fluide entre les professionnels de santé et les patients, ainsi qu’un effort accru pour informer et sensibiliser les usagers sur leurs droits et responsabilités.
Au cours des rencontres, les équipes de l’ARS ont expliqué les avantages du dispositif aux autorités locales, aux professionnels de santé, et aux populations. Le but est de garantir que chacun comprenne l’importance de la sécurité des soins et comment ce dispositif peut améliorer la qualité de vie des patients. Le volet « sécurité des patients » s’accompagne également d’une surveillance accrue des établissements de santé. La première évaluation des résultats de ce dispositif est prévue pour décembre 2024, afin de mesurer son efficacité et d’identifier les points à améliorer.
Dans les communes de Sèmè-Podji, Avrankou, Adjarra et Porto-Novo (Ouémé), ainsi qu’à Sakété, Kétou et Pobè (Plateau), les délégations de l’ARS ont rencontré un accueil favorable. Les populations locales ont montré un vif intérêt pour les réformes en cours. Lors des échanges, plusieurs préoccupations ont été soulevées, notamment sur les mauvaises pratiques de certains personnels de santé, les coûts élevés des prestations et la nécessité d’une meilleure relation entre l’ARS et les relais communautaires.
Le Président de l’ARS, Dr Lucien Dossou-Gbété, a saisi l’occasion pour expliquer le rôle de l’ARS et rappeler que cette institution a pour mission de réguler et de garantir une amélioration constante du système de santé. Les Directeurs départementaux de la santé, les Médecins coordonnateurs de zones sanitaires, ainsi que les responsables d’établissements de santé ont été appelés à un engagement rigoureux, pour assurer une mise en œuvre efficace du dispositif dans leurs aires de compétence. La mission a aussi été l’occasion d’introduire un numéro vert, permettant aux usagers de signaler des dysfonctionnements ou de poser des questions relatives à la sécurité des soins.
Si les populations ont exprimé leur satisfaction globale vis-à-vis de l’initiative, les professionnels de santé, quant à eux, ont mis en lumière des défis concrets. Parmi les plaintes récurrentes, on note le manque de personnel qualifié, l’insuffisance de certains équipements, ainsi que la fermeture supposée d’établissements de santé par l’ARS. La question de la disponibilité des intrants et des consommables pharmaceutiques a également été soulevée, soulignant la nécessité d’une gestion plus efficace des ressources pour garantir une meilleure offre de soins.
Un autre point de préoccupation soulevé au cours des rencontres est la résurgence des « piqueurs sauvages », ces individus pratiquant illégalement des actes médicaux. Bien que les réformes du secteur de la santé avaient initialement permis de réduire leur activité, ces pratiques dangereuses semblent faire leur retour, souvent avec la complicité passive des populations. Les autorités sanitaires ont été invitées à redoubler d’efforts pour éradiquer cette menace pour la sécurité des patients et la qualité des soins.
La mission de l’ARS dans l’Ouémé et le Plateau a permis de renforcer l’engagement des acteurs du système de santé autour du dispositif pour la sécurité des patients. Elle a aussi mis en lumière les défis et les attentes des populations et des professionnels de santé. L’ARS poursuit ainsi sa mission d’améliorer la gouvernance du secteur de la santé, dans l’optique d’une couverture sanitaire universelle. La mise en œuvre de ce dispositif, associée à une évaluation continue, augure des perspectives positives pour la sécurité des soins et le bien-être des patients au Bénin.
La rédaction