Le Bénin franchit une étape historique dans son partenariat culturel avec la France grâce à la signature de nouveaux accords de financement par l’Agence Française de Développement (AFD). Cette initiative témoigne d’une volonté partagée de faire de la culture un levier stratégique pour le développement économique, social et touristique du pays.
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Le 22 novembre 2024, deux accords majeurs ont été signés entre le ministre béninois de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, et Laure Weisgerber, directrice de l’AFD au Bénin. Ces accords engagent un financement total de 36 milliards de FCFA sous forme de prêt, dédié à des réformes structurantes dans le secteur culturel.
Cette coopération n’est pas nouvelle. Depuis la restitution par la France des 26 Trésors royaux en 2021, le Bénin et l’AFD ont multiplié les projets ambitieux. Le Musée des Rois et des Amazones du Danhomè (MuRAD), financé à hauteur de 23 milliards de FCFA, et le futur Musée d’Art Contemporain de Cotonou (MACC), dont le coût s’élève à 19,6 milliards de FCFA, illustrent cet engagement. Ces initiatives s’inscrivent dans un effort global visant à positionner le Bénin comme un acteur majeur de l’économie culturelle en Afrique.
Avec ce troisième financement, le soutien de l’AFD au secteur culturel béninois atteint près de 82 milliards de FCFA, confirmant l’importance accordée à ce partenariat.
Le nouveau financement s’inscrit dans une vision ambitieuse portée par le gouvernement béninois : structurer les filières culturelles et maximiser leur contribution au développement national. Trois axes principaux guideront les réformes :
- Renforcement de la gouvernance publique : Le gouvernement vise à améliorer la gestion et la mise en œuvre des politiques culturelles grâce à des outils modernes et efficaces.
- Structuration et professionnalisation des acteurs : L’objectif est de rendre les industries culturelles et créatives (ICC) plus compétitives et mieux intégrées dans l’économie nationale.
- Accessibilité et rayonnement de la culture : Le développement de l’accès à la culture pour tous, ainsi que la promotion internationale des œuvres et initiatives béninoises, occuperont une place centrale. Un programme complémentaire de coopération technique est également prévu. Il soutiendra des institutions telles que l’Agence de Développement des Arts et de la Culture (ADAC), en renforçant leurs capacités à conduire ces réformes.
Depuis 2016, sous l’impulsion du président Patrice Talon, le Bénin a fait de la culture un pilier essentiel de sa stratégie de développement. Les infrastructures muséales, les projets de valorisation du patrimoine, et la promotion des arts modernes et traditionnels traduisent cette ambition. Le ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, a salué ce nouveau partenariat comme une opportunité de stimuler les chaînes de valeur culturelles, de moderniser les pratiques et de professionnaliser les métiers du secteur. Selon lui, l’investissement dans les ICC est une réponse aux besoins d’autonomie économique et un moyen d’améliorer l’attractivité internationale du Bénin.
L’accord signé est inédit : c’est la première fois qu’un financement budgétaire de politique publique est entièrement dédié à la culture. Pour Laure Weisgerber, directrice de l’AFD au Bénin, cela reflète une dynamique unique dans le monde. Ce partenariat s’appuie sur une vision commune : faire de la culture un moteur de rayonnement et d’autonomie pour le Bénin.
Outre les retombées économiques, le développement culturel permet également de répondre aux attentes sociales. Il soutient l’éducation, la préservation du patrimoine et l’accessibilité aux œuvres culturelles pour les générations futures.
Si les investissements prévus ouvrent des perspectives prometteuses, plusieurs défis doivent encore être relevés. La mobilisation des acteurs locaux, la coordination des efforts entre les ministères concernés et la pérennisation des financements figurent parmi les priorités.
Le Bénin s’érige néanmoins en modèle pour les pays africains en plaçant la culture au cœur de ses politiques publiques. Avec l’appui de la France, il démontre qu’une coopération innovante et ambitieuse peut transformer un secteur souvent perçu comme secondaire en un véritable moteur de développement. Ce partenariat renforcé s’inscrit dans une dynamique qui, au-delà des retombées économiques, célèbre le patrimoine et la créativité d’un peuple résolument tourné vers l’avenir.
La rédaction