Lors de son discours à la tribune de l’ONU ce mercredi, le président sénégalais, Diomaye Faye, a exprimé de vives préoccupations sur les rivalités géopolitiques croissantes qui menacent de plonger encore plus le Sahel dans l’instabilité. Cette région déjà fragilisée par des crises multidimensionnelles, y compris le terrorisme et l’insécurité, devient, selon lui, le théâtre de luttes d’influence entre puissances étrangères.
Son intervention intervient dans un contexte tendu, marqué notamment par les récentes accusations du gouvernement malien contre l’Ukraine. Bamako a accusé Kiev d’avoir apporté une aide logistique aux groupes terroristes responsables de l’attaque meurtrière de Tinzaouatine en juillet dernier. Ce drame, qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de civils, a relancé le débat sur l’implication des puissances extérieures dans les conflits africains.
Dans son allocution à New York, Diomaye Faye a été clair et direct : « Nous ne pouvons accepter que le Sahel devienne le théâtre de rivalités entre puissances étrangères, dont les affrontements ne font qu’aggraver la déstabilisation de la région. Je dois rappeler ici que la paix et la sécurité en Afrique sont indissociables de la paix dans le monde. »
Le président sénégalais s’est fermement opposé à l’idée que le continent africain serve de terrain de jeu aux ambitions géopolitiques des puissances mondiales. Selon lui, les luttes d’influence ne font que prolonger les souffrances des populations locales, déjà éprouvées par le terrorisme, les crises économiques, et les changements climatiques.
Diomaye Faye a particulièrement insisté sur le rôle central que devrait jouer le Conseil de sécurité des Nations unies dans la stabilisation de la région. « Il est impératif que le Conseil de sécurité joue pleinement son rôle de garant de la stabilité internationale. Le Sahel ne peut plus être laissé aux prises avec des conflits qui trouvent souvent leur origine dans des agendas géopolitiques étrangers. »
Au-delà des préoccupations sécuritaires, le président sénégalais a également plaidé pour une réforme urgente des institutions internationales, qu’il considère comme obsolètes et mal adaptées aux réalités contemporaines. « Il est impératif de sauvegarder et de renforcer le multilatéralisme en tant que seul cadre d’action pour la paix et la sécurité internationales. Cela nécessite une réforme urgente des institutions mondiales, y compris le Conseil de sécurité, le FMI et la Banque mondiale », a-t-il affirmé.
Pour Diomaye Faye, le continent africain doit occuper une place beaucoup plus prépondérante dans ces organes de décision mondiaux. Il estime que l’Afrique, en tant qu’acteur incontournable sur la scène internationale, doit avoir une représentation adéquate au sein des instances influentes. « Le monde ne peut plus ignorer le poids de l’Afrique dans les dynamiques mondiales », a-t-il ajouté.
La réforme du Conseil de sécurité est l’une de ses principales priorités. Diomaye Faye considère que cet organe ne reflète plus les réalités géopolitiques actuelles et qu’une représentation africaine permanente y serait essentielle. L’Afrique, continent riche en ressources naturelles et humains, ne peut être exclue de ces grandes décisions qui influencent sa destinée.
Le discours du président sénégalais ne s’est pas limité aux enjeux sécuritaires et institutionnels. Il a également adressé un message fort aux pays industrialisés concernant la lutte contre le réchauffement climatique. Diomaye Faye a dénoncé les responsabilités historiques des pays du Nord, principaux pollueurs, et a rappelé que les pays africains subissent de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique.
Il a ainsi appelé les grandes puissances à intensifier leurs efforts pour financer une transition énergétique juste et équitable sur le continent africain. « Ceux qui sont les principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre doivent redoubler d’efforts pour permettre aux pays en développement d’adopter des solutions durables. L’Afrique ne peut pas être abandonnée face à cette crise climatique. »
En soulignant la nécessité d’un soutien financier accru pour les énergies renouvelables, Diomaye Faye a rappelé que la lutte contre les effets du changement climatique doit inclure une coopération internationale renforcée. Il a conclu son discours en insistant sur l’importance de « bâtir un avenir énergétique qui soit à la fois respectueux de l’environnement et capable de sortir des millions d’Africains de la pauvreté énergétique ».
À travers cette intervention, Diomaye Faye a démontré son engagement en faveur de la stabilité et du développement du continent africain, tout en dénonçant les dynamiques destructrices qui le menacent. Il a également adressé un message de vigilance à la communauté internationale, affirmant que la paix en Afrique est indissociable de la paix mondiale.
Le président sénégalais a plaidé pour une Afrique qui assume sa pleine souveraineté, libérée des ingérences extérieures et disposant d’une place légitime sur la scène internationale. Une Afrique forte, capable de se projeter vers l’avenir, avec des institutions mondiales réformées et une justice climatique reconnue.
Son appel à la communauté internationale a résonné comme un rappel qu’il ne peut y avoir de paix mondiale sans une Afrique stable, respectée, et reconnue pour son poids économique, politique et stratégique.
Wilfrid K./La rédaction