Alpha Condé, ancien président de la Guinée évincé par un coup d’État orchestré par le général Mamadi Doumbouya le 5 septembre 2021, refait surface dans le débat national. Dimanche dernier, deux vidéos publiées sur ses réseaux sociaux ont mis en lumière un appel au soulèvement adressé aux forces armées du pays. L’octogénaire, éloigné des projecteurs depuis septembre 2024, a ravivé les tensions en critiquant ouvertement le régime de transition en place.
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Dans son message, Alpha Condé a qualifié les autorités militaires de « narcotrafiquants », dénonçant ce qu’il perçoit comme une stagnation, voire une régression, dans le processus de transition. S’adressant directement à l’armée, il a évoqué son rôle de chef suprême des armées, soulignant que celle-ci se trouve à un tournant décisif de son histoire.
« Vous avez le choix : soit soutenir les narcotrafiquants et massacrer le peuple, soit rester fidèles à vos traditions et défendre la nation,« a-t-il martelé. L’ancien président a également évoqué les forces vives, saluant leur détermination et leur courage face au régime actuel, qu’il accuse de manipuler les institutions et de réprimer violemment les opposants.
Du côté des autorités de transition, le général Mamadi Doumbouya a tenu des propos plus mesurés lors de ses vœux à la nation pour 2025. Il a promis l’adoption d’une nouvelle constitution et l’organisation d’un référendum constitutionnel dès le premier trimestre de l’année, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles élections. Cependant, ces annonces n’ont pas suffi à apaiser les critiques des forces vives, ni à endiguer les tensions politiques croissantes.
Alpha Condé a salué les manifestations organisées par ces forces vives, estimant qu’elles marquent un changement dans l’équilibre des forces.
« Vous avez prouvé que les chars ne vous font pas peur. La victoire est proche, et l’armée patriote de Guinée se tiendra à vos côtés, » a-t-il affirmé.
Cependant, cette déclaration a suscité une levée de boucliers de la part de ses détracteurs et d’observateurs indépendants. Nombreux sont ceux qui jugent ce discours potentiellement déstabilisateur, pointant du doigt le risque de troubles graves dans un pays déjà fragilisé par des tensions politiques et sociales exacerbées.
Depuis sa destitution, Alpha Condé reste une figure controversée, adulée par une partie de ses partisans et vivement critiquée par ses opposants. Son appel à l’insurrection intervient à un moment critique, où la Guinée s’efforce de tracer une voie vers la stabilité après des années d’incertitudes et de conflits institutionnels.
Alors que le pays attend impatiemment la mise en place des réformes promises par le régime de transition, ce nouvel épisode risque de compliquer davantage la situation. La réponse des forces armées à cet appel sera déterminante pour l’avenir de la Guinée. Une chose est sûre : le débat sur l’avenir politique du pays reste aussi polarisé qu’incertain.
Wilfrid K./La rédaction