Dans un monde où la paix voyage en classe affaires et se signe loin des zones de combat, Félix Tshisekedi et Paul Kagamé ont choisi les États-Unis comme décor pour leur prochaine scène diplomatique. Le 4 décembre, à des milliers de kilomètres de Goma, de Bunagana ou d’Ituri, les deux présidents s’apprêtent à apposer leurs signatures sur un accord censé ramener la stabilité dans l’est de la République démocratique du Congo. Là où les armes parlent sans interprète et où les civils connaissent déjà trop bien le langage de la peur, la paix, elle, fait une entrée soigneusement orchestrée sur papier glacé.
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Jusqu’ici, Kinshasa exigeait, avec la fermeté d’un gardien de frontière fatigué, le retrait des troupes rwandaises estimées entre 3 000 et 4 000 hommes par l’ONU. Mais en diplomatie, les exigences ont parfois la durée de vie d’un communiqué de presse. À la place, on parle désormais de dialogue, de concessions mutuelles et de cette formule magique appelée « stabilité régionale ». Kigali, de son côté, se dit prêt à croire aux vertus de la signature, tout en rappelant que seule l’implication des « personnes directement concernées » empêchera l’accord de finir dans un tiroir poussiéreux aux côtés des précédents arrangements.
Sur le terrain, pourtant, plus d’une centaine de groupes armés poursuivent leur propre agenda, ignorant royalement les calendriers diplomatiques. Le M23, régulièrement cité comme soutenu par le Rwanda, continue d’alimenter une crise complexe, faite de rivalités, de minerais convoités et de frontières floues. Pour les populations de l’Est, la paix n’est pas une cérémonie, mais une rareté. Elle se mesure en nuits sans tirs, en routes praticables et en champs cultivés sans crainte.
Les États-Unis, parrains de cette réconciliation annoncée, pourront ajouter une ligne de plus à leur actif diplomatique. Reste à savoir si ce texte sera une véritable clé ou une énième promesse bien rédigée. Car dans cette région meurtrie, la paix ne se proclame pas. Elle se prouve. Chaque jour.
Wilfrid K./La rédaction
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