Au Cameroun, un incident majeur sur le réseau interconnecté sud a plongé une grande partie du pays dans l’obscurité. Six des dix régions ont été touchées, y compris les principales villes comme Yaoundé, Douala, Bafoussam, ainsi que Bamenda et Buea dans la partie anglophone. Cette coupure générale, survenue dans la nuit du 19 au 20 octobre, a suscité l’inquiétude des populations, avant qu’un communiqué officiel ne soit publié par le ministère de l’Eau et de l’Énergie pour fournir des explications.
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Les habitants des villes touchées ont été surpris par cette coupure simultanée, un phénomène rare dans le pays. Dans les quartiers, l’obscurité totale a créé un climat de peur et de confusion. Très vite, les spéculations ont circulé sur les réseaux sociaux, certains craignant une crise sécuritaire ou même un coup de force militaire. Ces peurs ont été renforcées par la situation politique tendue du Cameroun, où des rumeurs persistantes sur la santé du président Paul Biya, âgé de 91 ans, continuent d’alimenter les débats.
La situation a pris un tour encore plus dramatique lorsque des sources proches du régime ont confié à certains médias que l’ampleur de la coupure avait inquiété jusqu’aux plus hautes autorités du pays. « La coïncidence de cette coupure avec le contexte politique actuel n’a pas manqué de faire peur à certains membres du gouvernement », a déclaré une source anonyme.
Face à la montée des tensions et des spéculations, le ministère de l’Eau et de l’Énergie a publié un communiqué pour rassurer la population. Selon les autorités, l’origine de la coupure massive est un incident technique sur le réseau interconnecté sud. « Un foudroiement violent d’une ligne à haute tension a provoqué un effet domino, entraînant la perturbation de la fourniture d’électricité », peut-on lire dans le communiqué.
La Société Nationale de Transport de l’Électricité (Sonatrel), en charge de la gestion du réseau, a indiqué que ses équipes techniques se sont immédiatement rendues sur le terrain pour identifier la panne et rétablir progressivement la situation. Des efforts ont permis de rétablir partiellement l’électricité dans certaines régions, mais le rétablissement total a pris plusieurs heures, laissant plusieurs quartiers dans le noir jusqu’au petit matin.
Cet incident met en lumière les fragilités du réseau électrique camerounais, souvent critiqué pour son manque de fiabilité. Malgré les efforts entrepris pour moderniser les infrastructures énergétiques, le pays reste vulnérable aux pannes à grande échelle, en particulier dans les zones interconnectées. La société Eneo, en charge de la distribution de l’énergie, a d’ailleurs averti les populations de ne pas brancher leurs appareils électroniques immédiatement après le retour de l’électricité, afin d’éviter les surtensions susceptibles de causer des dommages matériels.
Ce type de perturbation n’est pas inédit, mais sa simultanéité sur une si grande partie du territoire a particulièrement marqué les esprits. « Ce genre d’incident pourrait à l’avenir avoir des répercussions économiques importantes, surtout dans des villes comme Douala, qui est le poumon économique du pays », explique un analyste du secteur énergétique. En effet, de nombreuses entreprises ont vu leurs activités paralysées pendant la coupure, sans parler des ménages confrontés à des pertes de produits périssables faute de réfrigération.
L’incident a aussi relancé le débat sur la nécessité de réformer en profondeur le secteur de l’énergie au Cameroun. Les opposants au régime n’ont pas tardé à critiquer la gestion de la crise et à appeler à des investissements massifs pour moderniser le réseau électrique. « Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et investir dans des infrastructures modernes capables de garantir une continuité de service, même en cas d’incidents climatiques », a déclaré un responsable de l’opposition.
De leur côté, les autorités affirment que des projets de renforcement des capacités de production et de transport d’électricité sont en cours, avec le soutien de partenaires internationaux. Néanmoins, la coupure de cette ampleur montre que le chemin reste long avant d’assurer une stabilité énergétique complète pour tout le pays.
En fin de journée, les équipes techniques de la Sonatrel et d’Eneo ont réussi à rétablir l’électricité dans la majorité des zones touchées. La situation semble désormais sous contrôle, mais les traces de la panique demeurent. Les populations, tout comme les opérateurs économiques, restent en alerte face à la possibilité d’autres incidents similaires dans les mois à venir.
Ce black-out rappelle également l’importance pour le Cameroun de renforcer sa résilience face aux perturbations climatiques, en particulier dans un contexte mondial où les aléas climatiques sont de plus en plus fréquents. Pour le pays, le défi de l’indépendance énergétique et de la modernisation du réseau électrique reste plus que jamais d’actualité.
En attendant, le gouvernement tente de rassurer la population, promettant que tout sera mis en œuvre pour éviter une répétition de ce scénario qui a plongé des millions de Camerounais dans l’obscurité et l’incertitude.
La rédaction