À quelques mois de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, une initiative inédite vient secouer le paysage politique camerounais. Léon Théiller Onana, élu du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir depuis des décennies, a décidé de saisir la justice pour contraindre sa propre formation à organiser un congrès ordinaire. Cette action juridique met en lumière des tensions internes et soulève des questions sur la gouvernance du parti dirigé par Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
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Le 25 mars, Léon Théiller Onana a déposé une plainte auprès du tribunal de première instance de Yaoundé. Son objectif est clair : faire respecter les statuts du RDPC, qui prévoient la tenue régulière d’un congrès ordinaire. Or, Paul Biya, président du parti, n’a pas convoqué un tel événement depuis près de quinze ans. Cette inertie a suscité des frustrations parmi certains membres du RDPC, qui considèrent qu’il est essentiel de renouveler les instances du parti et d’engager une réflexion collective sur son avenir.
Cette démarche audacieuse de la part d’un militant du RDPC constitue une première dans l’histoire récente du Cameroun. Elle illustre un malaise croissant au sein du parti présidentiel, où la centralisation excessive des décisions par Paul Biya commence à provoquer des remous. Pour Léon Théiller Onana, l’absence de congrès ordinaire prive le RDPC d’une dynamique démocratique interne et nuit à sa capacité à répondre aux aspirations des Camerounais.
Si cette initiative n’a pas encore produit de décision judiciaire, elle a déjà réussi à capter l’attention de l’opinion publique et des observateurs politiques. Certains y voient un acte courageux, révélateur de fissures dans l’appareil politique, tandis que d’autres considèrent qu’il s’agit d’une tentative prématurée et risquée dans un contexte où Paul Biya reste une figure incontestée au sommet de l’État et de son parti.
Au-delà de ses implications internes, cette affaire intervient dans un climat politique tendu. L’élection présidentielle de 2025 s’annonce décisive pour l’avenir du Cameroun, alors que des interrogations persistent sur la capacité de Paul Biya, âgé de 92 ans, à briguer un nouveau mandat. Bien que le président n’ait pas encore annoncé officiellement sa candidature, son entourage laisse entendre qu’il pourrait à nouveau se présenter. Cette perspective suscite à la fois soutien et scepticisme au sein du RDPC et de la société civile.
L’action en justice initiée par Léon Théiller Onana pourrait donc avoir des répercussions bien au-delà des murs du parti. Elle pourrait inciter d’autres militants ou acteurs politiques à réclamer davantage de transparence et de démocratie dans les processus électoraux et décisionnels. En outre, elle pose la question de la transition politique au Cameroun, un sujet de plus en plus débattu dans un pays où l’alternance au pouvoir reste une aspiration lointaine pour nombre de citoyens.
Pour l’instant, l’affaire est entre les mains de la justice camerounaise, qui devra statuer sur la légalité de l’action de Paul Biya en tant que leader du RDPC. Quelle que soit l’issue de ce dossier, il est certain que cette initiative marque un tournant et met en lumière les fractures d’un parti longtemps perçu comme monolithique. Le RDPC pourra-t-il surmonter ces divisions et aborder l’échéance présidentielle en rangs serrés ? La réponse à cette question pourrait déterminer l’avenir politique du Cameroun.
La rédaction