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BÉNIN : LA COUR A TRANCHÉ SUR L’ÉLIGIBILITÉ

Fév 8, 2025
Lagnide Deboute

La Cour Constitutionnelle du Bénin a rendu une décision clé en rejetant le recours introduit par Christian LAGNIDÉ, ancien ministre et figure politique de longue date. Son initiative visait à clarifier les conditions d’éligibilité du Président Patrice TALON pour l’élection de 2026, à la lumière des changements introduits par la réforme constitutionnelle de 2019. Toutefois, la Cour a statué que cette demande ne relevait pas de ses prérogatives, mettant ainsi un terme à cette tentative de relecture des règles électorales.

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Le vendredi 6 février 2025, la haute juridiction a confirmé que l’article 127 de la loi organique encadrant son fonctionnement ne lui permettait pas d’émettre un avis consultatif sur la question soulevée. Cette décision renforce l’interprétation stricte des compétences de la Cour et écarte toute possibilité d’un débat juridique sur la prétendue naissance d’une nouvelle République à la suite des modifications constitutionnelles de 2019.

 

Christian LAGNIDÉ, dans sa requête, soutenait que la révision constitutionnelle ayant modifié le mode d’élection du Président et introduit un poste de Vice-présidente marquait une rupture fondamentale avec l’ordre institutionnel précédent. À ses yeux, ces changements étaient suffisants pour considérer que le régime actuel relevait d’une nouvelle République, et que, par conséquent, les limitations imposées aux mandats présidentiels devraient être réexaminées.

Il avançait également que la révision constitutionnelle de 2019, en modifiant la durée des mandats et en introduisant de nouvelles modalités électorales, avait modifié les conditions dans lesquelles Patrice TALON avait été élu en 2021. Selon lui, ces changements rendaient nécessaire une clarification juridique permettant d’établir si le chef de l’État pouvait ou non briguer un nouveau mandat sous le régime réformé.

 

Toutefois, la Cour Constitutionnelle n’a pas suivi cette argumentation et a préféré s’en tenir à une lecture rigoureuse des textes en vigueur. Elle a rappelé que son rôle ne consistait pas à interpréter la Constitution en dehors des cas expressément prévus par la loi. La décision, sans surprise, conforte l’idée que la limitation des mandats reste une constante dans l’architecture institutionnelle du pays.

 

Cette affaire illustre un débat récurrent en Afrique sur les modifications constitutionnelles et leur impact sur les règles de succession au pouvoir. Dans plusieurs pays du continent, les réformes institutionnelles ont été utilisées tantôt pour verrouiller un régime en place, tantôt pour tenter de contourner des dispositions limitant l’accès au pouvoir. Le Bénin, malgré son histoire démocratique relativement stable, n’échappe pas à ces interrogations.

 

Pour Christian LAGNIDÉ, ce revers juridique s’ajoute à une longue carrière marquée par des engagements politiques multiples et parfois controversés. Ancien proche de Mathieu KÉRÉKOU, il a navigué dans les cercles du pouvoir béninois et a été impliqué dans plusieurs scrutins. Son recours devant la Cour s’inscrivait ainsi dans une démarche stratégique visant à rouvrir le débat sur l’avenir politique du pays, à un moment où les intentions de Patrice TALON pour 2026 restent sujettes à spéculation.

 

Si l’actuel Président a maintes fois répété qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, certains de ses opposants restent sceptiques et estiment que la réforme de 2019 pourrait servir d’argument pour justifier une nouvelle candidature. En l’absence d’une clarification explicite de la part du chef de l’État, ces interrogations continueront d’alimenter le débat public dans les mois à venir.

 

Dans ce contexte, la décision de la Cour Constitutionnelle peut être vue comme une manière de clore toute tentative de réinterprétation des règles électorales. En rejetant la demande de Christian LAGNIDÉ, la juridiction envoie un message clair sur sa volonté de préserver la stabilité institutionnelle et d’éviter les incertitudes politiques à l’approche des échéances électorales.

 

Toutefois, cette position ne met pas un terme définitif aux spéculations. Le paysage politique béninois est en constante évolution, et les ambitions des différents acteurs pourraient encore remodeler le débat sur la succession de Patrice TALON. Avec l’échéance de 2026 en ligne de mire, les prochaines années seront cruciales pour définir l’orientation du pays et la capacité de ses institutions à résister aux pressions politiques.

 

Dans l’immédiat, le rejet du recours de Christian LAGNIDÉ signifie que la voie juridique est désormais fermée pour toute tentative de redéfinition des règles de l’éligibilité présidentielle. Seul un nouvel événement politique majeur ou une prise de position officielle du Président pourrait désormais relancer la discussion. En attendant, le jeu politique se poursuit, et le Bénin se prépare à une période d’intenses tractations en vue de la prochaine élection présidentielle.

 

Wilfrid K./La rédaction

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