Dans le vaudeville béninois qui semble se jouer derrière les ors de l’État, Yayi Boni endosse le rôle du grand détracteur-troupeau d’opposition, brandissant l’étendard de la démocratie pendant que d’aucuns l’accusent de complicité. Après sa rencontre, soigneusement mise en scène, avec Patrice Talon, il était temps pour lui de s’ériger en dindon de la farce : « Le président Talon semble vouloir un Bénin sans opposition politique », s’est-il insurgé, non sans ironie.
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Mais qui joue réellement la partition ? Yayi Boni, à la fois ancien chef de l’État et comparse repassé au second rang, semble découvrir avec effroi ce qu’il a peut-être aidé à façonner. Il dénonce aujourd’hui un « vaste plan de déstabilisation et de débauchage » mené contre le parti Les Démocrates, tout en ayant lui-même contribué à la fragilisation du paysage pluriel, par ses propres renoncements et calculs.
On pourrait presque le plaindre, dans un élan d’empathie un peu malicieuse, avoir aimé le pouvoir au point de l’avoir servi, puis s’en écarter soudainement pour en dénoncer les dérives. Il crie haro sur le « dérive autoritaire » qu’il alimente ou a facilité. Ce contexte donne à sa posture un parfum amer de vengeance tardive ou de repentance intéressée.
Le ridicule ne tue pas, mais il donne un spectacle pitoyable : Yayi Boni se pose en phare de l’opposition qu’il a tour à tour ignorée, affaiblie ou phagocytée. Pendant qu’il dénonce l’unité nationale prétendument menacée, on peut se demander s’il ne joue pas les pompiers pyromanes sous cape. Le Bénin regardera-t-il ce grand retour comme celui d’un sauveur ou d’un acteur trop longtemps complice pour se faire désormais repentance ? Et l’histoire jugera.
Wilfrid K./La rédaction







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