Il aura fallu deux décennies, des milliers de pages de preuves et une mémoire collective meurtrie pour en arriver là. Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, ancien chef des milices Janjaweed, est enfin rattrapé par la justice internationale. Vingt ans de prison. Vingt ans pour un homme qui pensait pouvoir traverser l’Histoire les mains couvertes de sang sans jamais avoir à les laver. La CPI vient de lui rappeler que certains comptes ne s’effacent pas, même avec le temps.
Car Abd-Al-Rahman n’était pas un simple rouage. Il était la machine. Les juges l’ont reconnu coupable de 27 chefs d’accusation : exécutions sommaires, massacres de masse, prisonniers abattus à coups de hache… Le genre de catalogue qui devrait suffire à dissuader à jamais quiconque serait tenté de transformer un uniforme en permis de tuer. Le procureur Julian Nicholls l’a dit sans trembler. Cet homme a agi avec « enthousiasme et vigueur ». Des mots qui glacent, mais qui rappellent à quel point le mal peut parfois se croire invincible.
Et pourtant, lorsque la sentence tombe, l’ancien bourreau reste de marbre. Pas un tressaillement, pas un remords visible. Comme si la gravité de ses actes glissait sur lui. Heureusement, elle ne glisse pas sur la CPI, qui signe ici un acte fort, nécessaire, presque pédagogique, oui, le crime finit par payer… mais en prison.
Cette condamnation n’effacera pas les souffrances du Darfour, mais elle envoie un message clair, cinglant, utile. À tous ceux qui seraient tentés, un jour, de suivre la même voie, la justice vous attend, patiente, mais implacable. Et à la Cour pénale internationale, il faut le dire bravo. Parce qu’il y a des sentences qui ne répareront jamais tout, mais qui rétablissent au moins l’essentiel : la dignité de ceux qui ont souffert et la certitude que personne n’est au-dessus des lois.
Wilfrid K./La rédaction







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