Le programme FIFA Guardians, développé en partenariat avec l’Open University, vise à former des experts chargés de protéger les sportifs contre toutes formes d’abus. Alfred Zebi, professionnel du safeguarding et passionné de sport, fait partie des rares Africains certifiés. Fort de son expérience humanitaire avec l’ONU et des ONG internationales, il souhaite mettre ses compétences au service des clubs et fédérations pour bâtir un sport plus sûr.
First Afrique TV : Votre fenêtre sur l’Afrique
En Afrique, la mise en œuvre reste limitée. Malgré l’appel de la CAF à nommer des responsables safeguarding, les cas d’abus, comme celui du Gabon, rappellent l’urgence d’agir. Pour les grandes compétitions telles que la CAN, Alfred Zebi insiste sur la nécessité de dispositifs de prévention, de sensibilisation et de signalement.
Il appelle aussi les médias à jouer leur rôle : enquêter, alerter, mais surtout éduquer, afin que le sport reste un espace de respect et d’intégrité.
Wilfrid K./La rédaction
Découvrez l’interview complète juste ici !
- C’EST QUOI FIFA GUARDIANS ?
FIFA Guardians est un programme de formation lancé par la FIFA en partenariat avec l’Open University. Il vise à former des responsables en protection des sportifs (safeguarding officers), au sein des clubs et fédérations du monde entier. Cela consiste à prévenir et gérer les abus – qu’ils soient sexuels, psychologiques, physiques ou moraux – notamment envers les enfants et les personnes vulnérables.
Ce dispositif inclut des mécanismes de signalement, de réponse rapide et de prévention, et il devient progressivement obligatoire dans plusieurs pays. La CAF a d’ailleurs exigé récemment que toutes les fédérations membres désignent deux responsables safeguarding titulaires de cette certification.
Face aux nombreux abus dans le sport, ces fonctions sont devenues indispensables et doivent être confiées à des professionnels formés. D’où l’importance de FIFA Guardians.
- POURQUOI AVOIR SUIVI CETTE FORMATION ET QUE COMPTEZ-VOUS EN FAIRE ?
Je travaille depuis des années dans le domaine du safeguarding, notamment dans l’humanitaire avec les Nations Unies et de grandes ONG internationales. J’ai mené des enquêtes sur des cas d’abus sexuels et de violences dans des contextes extrêmement sensibles : en RDC, en Haïti, au Tchad, en Irak, etc. Je suis également formateur certifié du cabinet OSACO Group, spécialisé dans la conduite d’enquêtes de ce type.
En parallèle, je suis un passionné de sport, et presque devenu footballeur professionnel. Alors quand j’ai vu à quel point les sportifs, notamment africains, sont vulnérables, je n’ai pas hésité à agir aussi dans cet univers qui m’est cher.
Ce que je compte faire avec cette certification ? Mettre mes compétences au service des clubs, fédérations et athlètes pour construire un environnement sportif plus sûr, sain et respectueux, dans toutes les disciplines, pas seulement le football.
- QUE SAVEZ-VOUS DE FIFA GUARDIANS EN AFRIQUE ?
Très peu, malheureusement. Je ne connais pas le nombre exact de FIFA Guardians sur le continent, mais je suis convaincu qu’il y en a encore trop peu.
La CAF a bien lancé un programme de safeguarding en 2020, et demande à chaque fédération de désigner deux responsables de la protection. Mais on ignore combien l’ont réellement fait.
Pendant ce temps, les scandales se multiplient. Le cas du Gabon, révélé par le journaliste Romain Molina, a secoué l’opinion. Mais pour un scandale qui éclate, combien d’autres restent cachés ? Combien de jeunes vies sont brisées en silence ?
- QUELLES MESURES POUR LA CAN ET QUEL RÔLE ENVISAGEZ-VOUS ?
Les grandes compétitions, notamment impliquant des mineur(e)s, sont des terrains à haut risque. Il est impératif de prévoir des dispositifs clairs de prévention, de sensibilisation et de signalement, intégrés à la stratégie sécuritaire globale.
Pour une CAN, cela implique aussi de former les volontaires, sensibiliser les encadreurs, et surveiller les environnements sensibles. Car ces événements peuvent malheureusement attirer des prédateurs.
Quant à moi, je suis disponible. Je travaille déjà avec des experts comme OSACO Group, et si on fait appel à moi, j’apporterai volontiers mon appui. Je suis persuadé que le Maroc, qui veut offrir une CAN exemplaire, prendra les mesures nécessaires.
- LE SAFEGUARDING PEUT-IL RENFORCER L’INTÉGRITÉ DANS LE SPORT ?
Absolument. La protection des sportifs n’est plus une option : c’est une nécessité. Le safeguarding doit faire partie intégrante du fonctionnement de toutes les structures sportives – des clubs amateurs aux fédérations professionnelles.
Les abus surviennent souvent là où il y a peu de contrôle et beaucoup de vulnérabilité : centres de formation, petites équipes, environnements précaires. Il faut agir à tous les niveaux.
- QUEL RÔLE POUR LES MÉDIAS ?
Les médias ont un rôle crucial. C’est un journaliste, Romain Molina, qui a levé le voile sur l’affaire du Gabon. Les journalistes sont souvent les premiers à voir, entendre et relayer les abus. Même si cela peut être difficile, notamment face à des dirigeants puissants, le devoir d’alerter reste fondamental.
Au-delà de l’enquête, les médias doivent aussi sensibiliser, informer et éduquer. En mettant en lumière ces sujets, ils contribuent à créer un sport plus éthique, plus respectueux, plus humain.






Discussion about this post