Au Cameroun, la démocratie semble avoir trouvé son plus fidèle serviteur : Paul Biya, 92 ans, fraîchement réélu pour un nouveau mandat, comme on renouvelle une carte d’identité. Avec 53,66 % des voix, le doyen des présidents du monde prouve une fois encore que la jeunesse n’est pas une question d’âge, mais de durée au pouvoir. Pendant ce temps, son ancien allié Issa Tchiroma Bakary, arrivé second avec 35,19 %, crie à la victoire volée, un classique du répertoire électoral local.
First Afrique TV : Votre fenêtre sur l’Afrique
Dans les rues de Douala, Garoua et Yaoundé, les manifestants dansent au rythme des gaz lacrymogènes. Quatre morts, des centaines d’arrestations et une promesse de calme « dans la discipline » : le pays connaît encore une de ces « petites fièvres démocratiques » que les forces de l’ordre soignent à coups de matraques. L’Union européenne se dit « profondément préoccupée » comme toujours, tandis que l’ONU appelle à la retenue, ce qui ne coûte rien.
Pendant que les opposants crient à la fraude, Biya, imperturbable, prépare son énième prestation de serment. Quarante-deux ans de règne, et toujours pas de ride sur son pouvoir. Au Cameroun, la continuité politique n’est pas une promesse, c’est une tradition nationale, aussi solide que le costume impeccablement repassé du chef de l’État.
Wilfrid K./La rédaction
