En 2011, Barack Obama tente une rupture historique : ne plus impliquer directement les États-Unis dans les conflits du Moyen-Orient. La Libye sera le terrain d’expérimentation de cette doctrine. Tandis que la répression de Kadhafi s’intensifie, Washington délègue à la France et au Royaume-Uni la tête d’une intervention militaire justifiée par la « responsabilité de protéger ». Rapidement, l’opération aérienne vire à un changement de régime déguisé. Kadhafi est renversé, lynché, et la Libye s’effondre dans un chaos durable.
Mais cette guerre, théoriquement européenne, révèle l’impuissance stratégique de Paris et Londres. Derrière la façade multilatérale, le soutien logistique, le renseignement et la coordination restent américains. Obama en ressort amer : « free riders », lâchera-t-il plus tard à propos de ses alliés, incapables de stabiliser un pays qu’ils ont contribué à détruire.
Le chaos libyen est donc autant l’échec d’un dictateur que celui d’une nouvelle posture américaine. Le refus d’assumer pleinement les conséquences d’une guerre, même par procuration, laisse place au vide — un vide que rempliront milices, trafiquants et djihadistes.
Treize ans plus tard, la Libye reste un pays éclaté. Et l’expérience Obama, une leçon cruelle sur les dangers de l’effacement stratégique.
Wilfrid K./La rédaction







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