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Le Bénin, chaque année – à juste titre – met à profit la journée du 1er août pour célébrer la victoire des luttes indépendantistes qui ont caractérisé les années 60. Si on a tendance à qualifier la République de jeune Etat – quoique -, il n’en demeure pas moins qu’on peut lui reconnaître, du plus haut de sa jeunesse, son expérience.
L’Etat tel que connu de nos jours n’a que six décennies d’existence dans la plupart des pays d’Afrique. S’agissant de la nation, Senghor disait-il : « En Afrique, l’État a précédé la nation ».
Le Bénin, en effet, a connu et n’a pas fini de connaître des épisodes. Il faut dire que la monotonie est plus patibulaire que l’absence le vide. Sans doute que les épisodes contribuent significativement à la solidification de l’Etat et de la Nation. Mieux, elles permettent de consolider le processus démocratique. Il n’existe pas de démocratie entièrement acquise. Différents événements dans le monde prouvent plutôt qu’il existe, au contraire, des processus démocratiques en consolidation continue face à des épreuves.
Aujourd’hui, alors que la région ouest-africaine fait l’objet d’un large éventail de turbulences – environnementale, sécuritaire, politique, et en paye la tribu économique par ricochet, la cohésion sociale reste une solution incontournable et incontestable.
Faire UN. S’unir pour relever les véritables défis de développement économique de notre pays, pris en géo économie et géopolitique internationale.
Si notre secteur privé a été éprouvé par la pandémie de covid-19 et différentes autres turbulences (crises climatique, géopolitiques sous régionale et internationale, etc.), il est de bon ton, aujourd’hui, d’affirmer que ces événements bien malheureux, progressivement, semblent se reléguer au passé. Bien heureusement. Ceci d’autant qu’au niveau macroéconomique, l’économie semble retrouver une bonne dynamique.
Selon la Banque Africaine de Développement, la croissance du Bénin s’est améliorée en 2021 pour atteindre 7 % contre 3,8 % en 2020 (année covid-19). Aussi, les perspectives, à court terme, augurent d’une trajectoire favorable malgré une légère décélération en 2022 et 2023, avec des taux de croissance, toutefois, supérieurs à 6% mais en dessous de 7%.
Du côté de l’offre, deux principales raisons soutiennent cette dynamique. D’une part, la bonne performance du secteur primaire (+3,9 % après une croissance de 2 % en 2020), bénéficiant des effets positifs des réformes qui favorisent une amélioration des rendements et de la gouvernance du secteur agricole. D’autre part, le secteur tertiaire a progressé de 7,2 % en 2021 (contre une expansion de 4,9 % en 2020), en raison de l’augmentation du trafic portuaire avec une meilleure gouvernance du port de Cotonou et du retour à la normale dans la gestion de la crise frontalière avec le Nigéria.
Du côté de la demande, la croissance est impulsée par des investissements, notamment par une politique budgétaire contracyclique.
Toutefois, il n’est pas moins opportun de faire quelques contextualisations et précisions à l’échelle microéconomique, notamment sur l’axe créatrice de la richesse économique, c’est-à-dire le secteur privé avec un regard d’investisseur.
L’investisseur privé dispose d’un certain nombre de variable et d’arbitrage lorsque la stabilité politique, juridique et sécuritaire sont garanties par ailleurs. Il s’agit, entre autres, de la stabilité des prix, du rendement des facteurs de production.
La stabilité des prix libère les freins à l’investissement.
De même qu’une monnaie trop volatile fausse les décisions économiques, une trop forte inflation se présente comme une taxe implicite sur la richesse et brouille les signaux donnés par les prix relatifs. De ce fait, un faible niveau d’inflation sera toujours préférable pour les investissements du privé.
La stabilité des prix crée une quiétude chez les investisseurs. Lorsque les investisseurs sont confiants sur la valeur réelle de la monnaie, cela libère les freins à l’investissement. Par conséquent, on a une croissance économique plus inclusive, utilisatrice des capacités de production dont la main-d’œuvre, ce qui induit une limitation du chômage.
Au Bénin, l’inflation est ressortie stable à 1,7 % en 2021 grâce à l’amélioration de l’approvisionnement alimentaire et aux performances agricoles impulsées par une politique publique de mise à disposition des engrais. En 2022, malgré une accélération due aux turbulences sur les marchés de l’énergie, le niveau d’inflation du pays est ressorti le plus bas de l’UEMOA. Cela constitue un point positif pour les décisions d’investissement du secteur privé.
Les facteurs de production
Sur les dix dernières années, le Bénin connait une baisse relative de la productivité globale. Sa contribution moyenne à la croissance s’établit à 1,32%, contre 1,15% sur la période 2012-2016.
Mais, depuis 2017 on observe une légère amélioration. La contribution de la productivité du capital a crû de 1,37% à 2,45%, en lien avec l’augmentation des investissements publics, respectivement sur les périodes 2012-2016 et 2017-2020. En revanche, la productivité du travail connait une légère baisse, avec une contribution moyenne à la croissance passant de 2,2% sur la période 2012-2016 à 2,0% sur la période 2017-2020.
Toutefois, les actions de la politique publique laissent présager une amélioration de la productivité des facteurs à l’horizon. Notamment, les différentes réformes sur l’amélioration de la productivité agricole, le développement des activités de transformation industrielle, la promotion des services à forte valeur ajoutée, l’amélioration du climat des affaires, la réalisation d’infrastructures (énergie, routes, TIC), les incitations spécifiques de développement du secteur privé (révision du code fiscal, du code des investissements…).
Le maintien de ces dynamiques est important pour ne pas saper les acquis durement acquis. Mais, au risque de se répéter, il ne saurait y avoir de développement dans le chaos. C’est pour cela que cette fête nationale est aussi une opportunité idoine pour rappeler l’ultime nécessité du renforcement de la cohésion de nos populations si riches dans leurs différences culturelles.
Vive le Bénin,
Ensemble, le Bénin avance !
Albin Feliho
Président de la CONEB
Haut Conseiller au Conseil Économique et Social